L’état de santé de la prisonnière d’opinion Trần Thị Thúy s’est gravement détérioré depuis qu’on lui a diagnostiqué une tumeur en avril 2015. Les autorités carcérales continuent de la priver des soins médicaux adaptés, tant qu’elle n’avouera pas les crimes dont elle a été reconnue coupable.
Trần Thị Thúy purge une peine de huit ans d’emprisonnement à laquelle elle a été condamnée pour « activités visant à renverser » le gouvernement, au titre de l’article 79 du Code pénal. Elle a été arrêtée en août 2010 et est actuellement détenue au centre de détention d’An Phước, dans la province de Bình Dương. Sa libération n’est pas prévue avant août 2018.
Le 3 septembre, Trần Thị Thúy a reçu la visite de son frère, qui a informé Amnesty International qu’elle se trouvait dans un état de grande confusion, à tel point qu’elle ne l’a pas reconnu tout de suite. Des employés médicaux de la prison lui donnent des médicaments sans lui dire ce que c’est, et elle pense qu’ils affectent sa mémoire et la désorientent. Ces médicaments sont prescrits pour trois tumeurs, mais ils n’ont aucun effet. La première tumeur, située près de son abdomen, fait 15 centimètres de circonférence ; elle forme un ulcère et saigne à travers ses vêtements. Elle risque de contracter une infection par cette plaie ouverte. Elle est atteinte d’une deuxième tumeur à l’utérus et d’une troisième près du sein gauche. Les médicaments et la nourriture envoyés à Trần Thị Thúy par sa famille ne lui sont pas transmis.
Les autorités pénitentiaires lui expliquent qu’elle ne les recevra que si elle avoue les crimes qu’elle est accusée d’avoir commis.
Trần Thị Thúy est dans un état de souffrance intense depuis qu’on lui a diagnostiqué une tumeur en avril 2015. Elle a déclaré à ses proches à plusieurs reprises qu’elle a peur de mourir en prison, en raison de son état de santé et du refus des autorités pénitentiaires de lui prodiguer des soins médicaux adaptés et appropriés.
Le refus de fournir des soins médicaux dans de telles circonstances, qui implique le fait d’infliger intentionnellement des souffrances dans le but d’arracher des « aveux », constitue un acte de torture et viole en conséquence les dispositions de la Convention contre la torture, entrée en vigueur au Viêt-Nam en février 2015.