Lilia Tchanycheva, ancienne coordinatrice régionale du « Quartier général de Navalny » à Oufa, dans la République du Bachkortostan (centre de la Russie), a été arrêtée le 9 novembre, à la suite d’une perquisition à son domicile. Le même jour, la police a perquisitionné le domicile d’autres militant·e·s à Oufa et dans d’autres villes russes, dans le cadre d’une affaire pénale visant Alexeï Navalny et ses collaborateurs·trices.
Le 10 novembre, le tribunal du district de Kirov, à Oufa, a placé Lilia Tchanycheva en détention provisoire pour deux mois. Le tribunal a pris cette décision sans tenir compte du fait que Lilia Tchanycheva avait indiqué qu’elle était probablement en début de grossesse. Elle a été inculpée de « création ou direction d’une association extrémiste » (article 282.1.1 du Code pénal de la Fédération de Russie) pour avoir travaillé en collaboration avec Alexeï Navalny. Si elle est déclarée coupable, Lilia Tchanycheva risque jusqu’à 10 ans de prison.
Le 9 juin, le tribunal municipal de Moscou a arbitrairement classé comme « extrémistes » et interdit trois organisations de la société civile : la Fondation anticorruption, la Fondation pour la protection des droits des citoyens et le « Quartier général de Navalny », toutes liées à Alexeï Navalny. L’accès à l’audience était interdit aux médias et au grand public, et les motifs du classement dans la catégorie des organisations « extrémistes » n’ont pas été rendus publics.
Le 28 septembre, les autorités russes ont annoncé l’ouverture d’une nouvelle enquête pénale sur Alexeï Navalny et ses collaborateurs·trices sur la base de charges sans fondement de « création d’une association extrémiste ». En octobre, il s’est avéré que cette enquête était liée à quatre autres affaires pénales visant Alexeï Navalny, ses collègues et ses sympathisant·e·s. Lilia Tchanycheva est la première des collaborateurs·trices d’Alexeï Navalny à être arrêtée dans le cadre de cette affaire pénale.
Alexeï Navalny, figure de premier plan de l’opposition russe et militant anticorruption, a été condamné le 2 février 2021 à deux ans et huit mois d’emprisonnement pour « violation » du contrôle judiciaire qui lui avait été imposé lors d’une précédente condamnation motivée par des considérations politiques. Les autorités russes refusent de le remettre en liberté malgré des manifestations de grande ampleur et de nombreuses décisions de la Cour européenne des droits de l’homme en sa faveur. Alexeï Navalny est un prisonnier d’opinion ; en tant que tel, il doit être libéré immédiatement et sans condition.