Le 18 avril 2018, des manifestations ont éclaté après que le gouvernement eut tenté de mettre en place, sans consultation préalable, une réforme impopulaire de la sécurité sociale. Elles ont été violemment réprimées.
D’après la Commission interaméricaine des droits de l’homme, cette crise a entraîné la mort de 328 personnes et fait plus de 2 000 blessés. Selon des chiffres émanant de la société civile, plus de 700 personnes ont également été arrêtées. En outre, 300 professionnel.les de la santé ont été licenciés, et 144 étudiant.es ont été renvoyés de l’Université autonome nationale du Nicaragua (UNAN). Quelque 80 000 Nicaraguayen.nes ont rejoint des pays voisins, dont 68 000 s’étaient réfugiés au Costa Rica en août 2019, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Plus de 100 journalistes et professionel.les des médias ont dû s’exiler.
Le gouvernement n’a jusqu’ici pas respecté l’engagement, pris en mars 2019, de libérer toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique depuis le 18 avril 2018. Une loi d’amnistie a été approuvée par l’Assemblée nationale du Nicaragua le 8 juin 2019 et 56 personnes ont été libérées le 11 juin 2019. Cependant, plusieurs cas de répression ont été signalés. Selon des organisations locales, au moins 130 personnes sont maintenues en détention.
Le 16 mai 2019, Eddy Montes, 57 ans, citoyen nicaraguayen et américain, a été tué par balle à la prison de La Modelo, à Managua. Cet homme et d’autres personnes blessées ont été arrêtés pour avoir pris part aux manifestations de 2018. De plus, selon l’Initiative nicaraguayenne des défenseures des droits humains et l’Unité de défense juridique, Maria Guadalupe Ruiz Briceño, une étudiante et militante âgée de 22 ans, a été arrêtée arbitrairement et de manière violente par la police en juillet 2019, et les autorités n’ont pas dûment respecté les normes garantissant une procédure régulière.
Dans le rapport intitulé “Instilling terror”, Amnesty International concluait que l’un des piliers de cette politique répressive était la criminalisation persistante des opposants par les autorités nicaraguayennes, qui qualifiaient de « terroriste » ou « putschiste » tout opposant pour justifier leur propre violence. Depuis lors, la contestation s’est poursuivie pour faire changer les choses en profondeur. Plus d’un an et demi après le début de la répression des manifestations, Amnesty International reçoit toujours des informations faisant état d’arrestations arbitraires et d’actes de torture commis à l’encontre de personnes privées de liberté.
Les organisations de la société civile dont l’enregistrement a été révoqué par le gouvernement, dont le Centre nicaraguayen des droits humains (CENIDH), ne peuvent toujours pas mener librement leurs activités dans le pays, et le harcèlement à l’encontre des journalistes et des personnes qui défendent les droits humains se poursuit. Les attaques contre la liberté d’expression et de réunion pacifique témoignent d’une stratégie persistante visant à faire taire les voix dissidentes.