Quatorze candidats sont en lice pour l’élection présidentielle au Tchad. La campagne électorale a débuté le 20 mars et le premier tour s’est déroulé le 10 avril.
Parmi les candidats figure le président Idriss Déby, qui a pris le pouvoir en 1990 après avoir renversé Hissène Habré, et qui est en exercice depuis 25 ans ; il brigue un cinquième mandat. En 2005, la Constitution tchadienne a été modifiée de manière à éliminer la limite fixée auparavant à deux mandats présidentiels.
Pour des raisons de sécurité, le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration, Ahmat Mahamat Bachir, a annoncé publiquement le 19 mars que toutes les manifestations publiques ne relevant pas de la campagne électorale seraient interdites.
Le 30 mars, le ministère de la Sécurité publique et de l’Immigration a refusé la demande de plusieurs groupes de la société civile, qui souhaitaient organiser une manifestation pacifique afin d’exhorter les autorités à libérer les quatre militants cités.
Le 4 avril, alors qu’une autre manifestation était prévue pour le lendemain, Albissaty Salhe Alazam, l’un des dirigeants de la plateforme Ça suffit, a été arrêté pour avoir appelé par écrit à participer à ce rassemblement organisé par des groupes de la société civile. Il a été détenu au siège de la police judiciaire jusqu’à son transfert à la prison d’Amsinéné, le 8 avril. Il est inculpé d’« incitation à un rassemblement non armé », « troubles à l’ordre public » et « désobéissance à un ordre légitime ». Son procès, initialement prévu pour le 11 avril, a été reporté au 18.
Le 5 avril, deux groupes de personnes ont décidé de manifester pacifiquement afin d’appeler les autorités à libérer les cinq militants. Les forces de sécurité ont investi le lieu de rassemblement du premier groupe et ont dispersé la foule au moyen de gaz lacrymogène. Le deuxième groupe, qui projetait de manifester pacifiquement devant l’ambassade des États-Unis, a été intercepté par la police. Il y aurait eu au moins deux interpellations et au moins un manifestant a été blessé.
Lors du procès de Mahamat Nour Ibedou, Younous Mahadjir, Nadjo Kaina Palmer et Céline Narmadji, qui s’est déroulé le 7 avril, les forces de sécurité étaient présentes en nombre à l’intérieur et aux abords du palais de justice. Des centaines de personnes se sont rendues sur place en signe de solidarité avec les prévenus. Faute d’espace, beaucoup ont dû rester à l’extérieur. Elles chantaient et criaient des slogans appelant les autorités à libérer Mahamat Nour Ibedou, Younous Mahadjir, Nadjo Kaina Palmer et Céline Narmadji.
Nombre d’entre elles portaient des t-shirts à l’effigie des quatre militants et/ou tenaient des pancartes arborant des slogans. Lorsque Mahamat Nour Ibedou, Younous Mahadjir, Nadjo Kaina Palmer et Céline Narmadji ont été reconduits en prison par des surveillants et des policiers à la fin du procès, leurs sympathisants ont tenté d’empêcher le véhicule de passer. Les forces de sécurité ont tiré plusieurs salves à balles réelles et ont pulvérisé du gaz lacrymogène pour les disperser, ce qui a déclenché un mouvement de panique ; au moins deux personnes ont été blessées.
Amnesty international a publié trois communiqués de presse appelant à libérer immédiatement les quatre militants concernés : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/03/tchad-les-autorites-doivent-liberer-deux-activistes-arrets-pour-avoir-prepare-une-manifestation-pacifique/, https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/04/tchad-le-maintien-en-detention-de-quatre-activistes-est-une-injustice/ et https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/04/tchad-la-condamnation-de-quatre-activistes-est-une-violation-de-exercice-du-droit-la-libert-dexpression/.