Au Nigeria, le droit à la liberté d’expression est menacé. La jeune génération nigériane recourt à la protestation pacifique afin de demander justice pour les violences policières, les pratiques d’extorsion et les exécutions extrajudiciaires, mais les autorités continuent de réagir en utilisant la violence. Les militant·e·s des droits civils, les défenseur·e·s des droits humains et la société civile n’ont à présent plus beaucoup d’autres moyens pour s’exprimer et demander au gouvernement de répondre de ses agissements. Les personnes qui tentent d’exercer leur droit de manifester pacifiquement dans la rue d’exposent au risque d’être arrêtées, incarcérées et torturées et de faire l’objet d’accusations forgées de toutes pièces.
Ces derniers mois, on a assisté à la répression des personnes manifestant de façon pacifique à travers le pays dans le cadre du mouvement #EndSARS. En octobre 2020, au moins 12 personnes ont été tuées, et plusieurs autres blessées à la barrière de péage de Lekki et à Alausa, quand les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestant·e·s EndSARS. Au lieu de traduire les responsables présumés en justice et d’accorder la priorité à une véritable réforme de la police, les autorités nigérianes ont abusé de leurs pouvoirs en soumettant les personnes qui soutenaient les manifestations à des campagnes d’intimidation, de harcèlement et de dénigrement.
Le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution nigériane de 1999 (telle que modifiée), et par les traités relatifs aux droits humains auxquels le Nigeria est État partie, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.