Le 13 mars, un communiqué du Conseil des ministres du Niger a été rendu public, concernant les mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus COVID-19, dont une interdiction de tous les regroupements susceptibles de rassembler au moins 1 000 personnes. Une manifestation avait déjà été prévue le 15 mars, à Niamey et dans d’autres villes, organisée par la société civile pour réclamer la tenue d’une enquête sur les allégations de détournement de fonds révélés par un audit du ministère de la Défense. Les organisateurs ont décidé de maintenir la manifestation malgré l’interdiction.
À l’aube du 15 mars, les forces de sécurité ont bloqué toutes les routes menant au site où devait se tenir la manifestation, la place de la Concertation à Niamey. Au moins trois personnes sont mortes lorsque les forces de sécurité ont dispersé avec violence le rassemblement, au moyen de gaz lacrymogène. Des dégâts importants ont été constatés : plusieurs magasins ont pris feu près du marché de Tagabati. Des leaders de la société civile ont ensuite été arrêtés.
Le 30 avril, Sani Chekaraou, président de l’association des grossistes de Niamey, a été libéré sous caution aux côtés de Moussa Tchangari et d’Habibou Soumaila. Il avait aussi été arrêté le 16 mars et inculpé d’agression sur des membres du personnel du marché. Deux autres militants, Karim Tanko et Seyni Djibo, au nom desquels nous avions déjà publié l’action urgente du 25 mars, ont été libérés sous caution le 19 mars.
Le 24 mai, le militant Seyni Djibo est décédé dans un accident de pirogue (chavirement) sur le fleuve Niger.
Depuis le début de l’année, Amnesty International a recensé 27 arrestations de militant·e·s, de syndicalistes, de journalistes et de dissident·e·s au Niger, dont 17 sont des militant·e·s anti-corruption qui ont dénoncé les allégations impliquant le ministère de la Défense.
Samira Sabou, journaliste et présidente de l’association des blogueurs du Niger, a été libérée de la prison de Niamey le 28 juillet, après qu’un juge a classé sans suites la procédure engagée contre elle pour diffamation. Elle était détenue arbitrairement depuis 48 jours dans l’attente de son procès, à la suite d’une plainte pour diffamation déposée contre elle par le fils du président en raison d’un commentaire d’un utilisateur de Facebook citant le nom de ce dernier sous une publication de Samira Sabou sur le réseau social. Cette publication du 26 mai portait sur des allégations de corruption lors d’achats de matériel militaire.