Delpedro Marhaen Rismansyah, Muzaffar Salim, Khariq Anhar, Syahdan Hussein, Wawan Hermawan, Saiful Amin, Shelfin Bima Prakosa et Muhammad « Paul » Fakhrurrozi sont des militants indonésiens. Ils se sont engagés dans des mouvements étudiants, des actions de défense de la société civile, ainsi que dans des initiatives locales visant à promouvoir la responsabilisation du gouvernement.
Du 25 août au 1er septembre 2025, l’Indonésie a connu l’une des plus grandes vagues de manifestations de l’ère post-réforme. Des manifestations ont éclaté à Djakarta et dans au moins 15 autres provinces, déclenchées par la colère du public face aux difficultés économiques et aux politiques budgétaires de l’État perçues comme négligeant la population. Amnesty International a constaté que les forces de sécurité ont recouru à une force illégale, à des arrestations arbitraires et à des actes d’intimidation contre des manifestants pacifiques.
Les huit hommes ont été arrêtés séparément dans le cadre d’une répression plus large des manifestations par la police, dont l’ampleur est la plus vaste observée depuis des décennies, selon de nombreux observateurs. Ces militants ont été accusés d’« incitation à la violence » lors des récentes manifestations. Les autorités les ont inculpés en vertu de plusieurs articles, notamment l’article 160 du Code pénal sur l’incitation à la violence et les articles 28(3) et 45A(3) de la Loi sur les informations et transactions électroniques relatives aux discours de haine.
Selon l’Advocacy Team for Democracy, bon nombre de ces arrestations ont été effectuées sans fondement juridique ni mandat officiel. La police a également saisi des livres, des documents et des appareils électroniques appartenant à des militants et à des organisations de la société civile, ce qui témoigne d’une tendance à l’extension de la criminalisation.
Delpedro Marhaen Rismansyah, Muzaffar Salim, Khariq Anhar, Syahdan Husein et Wawan Hermawan sont actuellement détenus au siège de la police métropolitaine de Djakarta. Saiful Amin et Shelfin Bima Prakosa se trouvent toujours en détention provisoire au poste de police de Kediri, dans la province de Java oriental, tandis que Muhammad « Paul » Fakhrurrozi est détenu au siège de la police de Java oriental. Ils font partie des 959 personnes qui ont été arbitrairement arrêtées et officiellement inculpées en relation avec les récentes manifestations.
Leurs cas illustrent la tendance croissante à la répression observée ces dernières années.
Amnesty International a signalé l’utilisation persistante par le gouvernement de dispositions vagues du Code pénal et de la Loi relative aux technologies de l’information et de la communication pour réduire au silence les opposants au lieu de protéger le droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Au cours d’une série de manifestations ayant eu lieu du 25 août au 1er septembre 2025, Amnesty International Indonésie a recensé plus de 4 000 arrestations arbitraires. Plus de 560 personnes ont en outre été victimes d’actes d’intimidation et de violences physiques, notamment des coups et des blessures occasionnées par des balles en caoutchouc, tandis que plus de 300 personnes ont été blessées ou autrement affectées par l’utilisation injustifiée et excessive de gaz lacrymogène et de canons à eau.
Au moins 11 personnes sont mortes depuis le début des manifestations, notamment des étudiants, des fonctionnaires, et un chauffeur de taxi-moto qui a été tué lorsqu’un véhicule blindé de la police l’a écrasé à Djakarta. Au 6 octobre, seule la mort du chauffeur de taxi-moto à Djakarta faisait l’objet d’une enquête de police.