Écrire Des militants retrouvent leurs familles, mais l’un d’entre eux est toujours porté disparu

Les défenseurs des droits humains Salman Haider, Waqas Goraya, Asim Saeed et Ahmed Raza Naseer sont rentrés chez eux entre le 27 et le 29 janvier, après avoir semble-t-il été victimes de disparitions forcées début janvier aux mains des forces de sécurité du Pakistan. Un cinquième, Samar Abbas, est toujours porté disparu ; on ignore où il se trouve et ce qui lui est arrivé.
Quatre militants qui avaient disparu au Pakistan début janvier, sans doute victimes d’une disparition forcée aux mains des forces de sécurité, sont rentrés chez eux entre le 27 et le 29 janvier. Après avoir « disparu » pendant plus de trois semaines, l’universitaire et poète Salman Haider et les blogueurs Asim Saeed, Ahmed Raza Naseer et Waqas Goraya sont en sécurité et ont retrouvé leurs familles. Asim Saeed, blogueur et expert en technologies de l’information installé à Singapour, enlevé alors qu’il se trouvait à Lahore, a quitté le pays depuis, craignant pour sa vie. Les familles des militants ont en effet reçu des menaces de mort qui émaneraient du groupe armé interdit Laskar-e-Jhangvi. Un cinquième militant basé à Karachi, Samar Abbas, à la tête de l’Alliance civile progressiste du Pakistan, a disparu d’Islamabad le 7 janvier, où il s’était rendu pour le travail. On ne sait toujours pas ce qu’il est advenu de lui.
Les cinq militants ont utilisé des plateformes en ligne, comme Facebook, pour diffuser leurs opinions sur des questions relatives aux droits humains au Pakistan. Tous ont notamment critiqué le militantisme religieux et l’establishment militaire du pays.
Depuis leur disparition, certains médias pakistanais et sites Internet les ont accusés d’activités « hostiles à l’État », les liant à une page Facebook prétendument blasphématoire, baptisée « Bhensa », et dans certains cas, appelant à la violence à leur encontre. Cette situation est très inquiétante, car une simple accusation de blasphème peut donner lieu au Pakistan à des menaces de mort et, trop souvent, à des violences collectives. Amnesty International a récemment publié un rapport intitulé ‘As Good as Dead : The Misuse of the Blasphemy laws in Pakistan’, qui expose plusieurs cas illustrant les conséquences potentiellement fatales d’une accusation de blasphème.

Des cas de détention arbitraire, de harcèlement et d’intimidation de défenseurs des droits humains, de journalistes et de militants politiques sont régulièrement signalés au Pakistan, notamment dans la province du Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays, et dernièrement à Karachi, dans le sud-est du pays, où les Rangers se sont vu attribuer en vertu de la Loi antiterroriste des pouvoirs étendus en matière d’usage de la force, de descentes de police et d’arrestations dans le cadre de la lutte contre le « terrorisme ». Cependant, la disparition de ces cinq militants – deux originaires de la capitale, les autres d’autres villes de la province du Pendjab – constitue un événement nouveau et extrêmement inquiétant, car il indique que la répression s’étend à la critique des politiques publiques sur Internet et à l’expression d’opinions sur la situation des droits humains.
Wahid Baloch, défenseur des droits humains et militant baloutche, a été soumis à une disparition forcée par les forces de sécurité de l’État après avoir été enlevé près de Karachi le 26 juillet 2016. Il n’a retrouvé ses proches qu’au bout de plus de quatre mois. Sa famille a déclaré qu’il avait été déposé à Malir, à 30 kilomètres à l’est de Karachi, le matin du 5 décembre 2016, et qu’il avait ensuite pu prendre un taxi pour rentrer chez lui à Lyari, dans la province du Sind, dans le sud-est du Pakistan. Wahid Baloch a choisi de ne pas parler de son enlèvement lors d’un journal télévisé en décembre 2016, mais il a remercié les organisations de défense des droits humains pour leur travail de campagne en son nom. Auparavant, le défenseur des droits humains Saeed Baloch avait été arrêté à Karachi le 16 janvier 2016 par des membres des Rangers, force de police paramilitaire du Pakistan. À la suite de pressions nationales et internationales, il a été présenté devant un juge le 26 janvier 2016. Les Rangers ont prétendu qu’il n’avait été arrêté que le 25 janvier. Il a été placé en détention préventive pour trois mois en vertu de la Loi antiterroriste, avant d’être finalement libéré sous caution le 3 août 2016.
Aux termes du droit international, le droit à la vie et le droit de ne pas être soumis à la torture ni à d’autres formes de mauvais traitements sont intangibles, et s’appliquent en toutes circonstances. Le Pakistan est tenu de respecter et de protéger ces droits au titre de plusieurs traités relatifs aux droits humains, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. En outre, l’interdiction des disparitions forcées est une règle du droit international coutumier qui s’applique à tous les États et la disparition forcée constitue un crime de droit international. L’article 2 de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’homme dispose que chaque État a le devoir d’instaurer les conditions voulues pour défendre les droits fondamentaux dans sa juridiction. Cependant, au Pakistan, des défenseurs des droits humains continuent d’être arrêtés, détenus, torturés et incarcérés, uniquement en raison de leurs activités pacifiques. Ils sont également exposés à des actes d’intimidation et de harcèlement. Amnesty International appelle le gouvernement pakistanais à garantir un environnement dans lequel il est possible de défendre les droits fondamentaux et d’exprimer pacifiquement ses opinions politiques, sans crainte de représailles ni d’intimidation.

Noms : Salman Haider, Waqas Goraya, Asim Saeed, Ahmed Raza Naseer, Samar Abbas
Hommes

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