Environ 3 000 habitants du quartier informel de Deep Sea, à Nairobi, risquent d’être expulsés de force en raison du projet de construction d’un axe routier appelé « Missing Link », financé par l’Union européenne et réalisé par l’Autorité de la voirie urbaine du Kenya (KURA).
Environ 3 000 habitants du quartier informel de Deep Sea risquent d’être expulsés de force à tout moment en raison du projet de construction d’un axe routier appelé « Missing Link », réalisé par l’Autorité de la voirie urbaine du Kenya (KURA) et financé par l’Union européenne et le gouvernement kényan. Le 20 juillet, alors que des négociations quant aux terres et aux indemnisations étaient en cours, le responsable de la communication de la KURA s’est rendu dans le quartier informel de Deep Sea et a informé les habitants que la KURA ne négocierait plus. Il a déclaré publiquement dans une récente interview à la radio que l’expulsion des habitants des quartiers informels comme ceux de Deep Sea et de Kibera avait été programmée. Les expulsions ont commencé à Kibera le 23 juillet 2018, bien que le recensement et les négociations avec la KURA en ce qui concerne les solutions de relogement soient toujours en cours. Cela donne de la crédibilité aux craintes des habitants du quartier de Deep Sea.
L’Union européenne est le principal bailleur de fonds de ce projet routier. Bien que l’Union européenne ait à maintes reprises dit aux habitants de Deep Sea et à Amnesty International que le projet n’entrainerait pas d’expulsions forcées, les habitants ont déclaré que le dernier message de la KURA indiquait qu’une expulsion forcée était imminente.
Les habitants sont en négociations avec la KURA pour trouver une solution de relogement depuis 2015. Ils ont de nouveau déclaré qu’ils ne sont pas opposés à la construction de cet axe routier mais souhaitent simplement que la KURA respecte leur droit à un logement convenable et veille à ce que le processus d’expulsion soit conforme aux normes internationales en matière de droits humains. Bien que la KURA ait déjà accepté d’acheter des terres pour le relogement des habitants et que ceux-ci aient identifié neuf terrains différents, la KURA a pris du retard et ces terrains ne sont plus disponibles à la vente.
Le 5 juillet, des représentants de la KURA ont indiqué aux habitants de Deep Sea que l’organisme n’achèterait pas de terrains, contrairement à ce qui avait été convenu, et qu’au lieu de cela, une somme d’argent non définie à titre d’« indemnité pour les désagréments subis » serait déposée sur un compte en banque au nom des habitants. Certains habitants de Deep Sea ont reçu l’« indemnité pour les désagréments subis » d’un montant de 50 à 150 dollars par famille, mais au moins 647 familles l’ont refusée, car le montant est insuffisant pour obtenir un nouveau logement. Ces familles étaient en négociations avec la KURA en vue d’obtenir une solution de relogement, jusqu’à ce que l’organisme annonce qu’il ne négocierait plus avec elles.