Rinchen Tsultrim, 29 ans, était moine au monastère de Nangshig, dans la préfecture autonome tibétaine d’Aba (province du Sichuan). Après une vague de troubles au Tibet en 2008, il a commencé à exprimer ses opinions sur WeChat et sur un site Internet personnel en tibétain appelé « Scepticisme à l’égard du Tibet ». En 2018, le bureau local de la Sécurité publique l’a mis en garde à deux reprises, lui ordonnant de ne plus exprimer d’opinions critiques en ligne sur la politique chinoise. Rinchen Tsultrim a été placé sous étroite surveillance et son site Internet a été fermé.
Rinchen Tsultrim a été arrêté le 1er août 2019. En mars 2020, sa famille a reçu des informations officielles indiquant qu’il était soupçonné d’« incitation au séparatisme ». En mars 2021, le Bureau de la sécurité publique de la préfecture autonome tibétaine et qiang d’Aba a informé ses proches qu’il se trouvait dans une prison à Chengdu, sans donner davantage de renseignements. Ce n’est que lorsque la réponse des autorités chinoises à une lettre adressée par quatre experts en droits humains des Nations unies a été rendue publique que sa famille a appris qu’il avait été jugé, quelle était la nature des faits qui lui étaient reprochés et où il était emprisonné.
Dans les zones à population tibétaine et dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, les minorités ethniques sont soumises à des restrictions et à des mesures de répression dures et généralisées, sous couvert de « lutte contre le séparatisme », « lutte contre l’extrémisme » ou « lutte contre le terrorisme ». L’accès aux régions à population tibétaine est toujours très restreint, en particulier pour les journalistes, les universitaires et les organisations de défense des droits humains, ce qui rend extrêmement difficile toute recherche et collecte d’informations sur la situation des droits humains sur place.
En juin 2020, 50 spécialistes indépendants des Nations unies en matière de droits humains ont formulé de vives critiques à l’égard de la Chine, entre autres pour la répression qu’elle exerce à l’encontre des minorités ethniques et religieuses au Xinjiang et au Tibet. Le 6 octobre 2020, 39 États membres de l’ONU ont publié une déclaration conjointe exprimant de profondes inquiétudes au sujet de la situation des droits humains au Tibet, au Xinjiang et dans d’autres régions. Le 21 juin 2021, 44 États membres de l’ONU ont publié une autre déclaration conjointe exprimant les mêmes préoccupations.
Selon des dispositions réglementaires entrées en vigueur le 1er février 2020, les groupes religieux doivent « suivre la direction du Parti communiste chinois [...], persister dans la voie de la sinisation de la religion et pratiquer les valeurs socialistes essentielles ». Les autorités s’emploient à aligner les pratiques et enseignements religieux sur l’idéologie d’État et à renforcer globalement leur contrôle sur tous les groupes religieux, aussi bien ceux approuvés par l’État que ceux qui ne sont pas enregistrés.
Des informations ont fait état de la destruction de milliers de sites culturels ou religieux ces dernières années, en particulier dans le nord-ouest de la Chine. Les activités religieuses au Xinjiang et au Tibet sont toujours durement réprimées par le pouvoir central. Des personnes sont toujours la cible d’arrestations arbitraires pour des pratiques religieuses ordinaires.