Les personnes incarcérées au centre de détention pour migrant·e·s venaient de cinq pays différents : Colombie, Salvador, Honduras, Guatemala et Venezuela. Amnesty International a constaté et dénoncé la grave situation des droits humains dans l’ensemble de ces États, principal facteur poussant les personnes à quitter leur pays afin de solliciter une protection internationale, les incitant à emprunter des itinéraires dangereux et les exposant aux abus perpétrés par les services de l’immigration et des bandes criminelles.
Les blessures et décès provoqués le 28 mars par l’incendie ayant frappé le centre de détention pour migrant·e·s de Ciudad Juárez sont survenus dans un contexte où des personnes ont été forcées à solliciter une protection internationale, car elles risquent de perdre la vie ou de subir d’autres formes de violations des droits humains, à la fois dans leur pays d’origine et dans les pays de transit et de destination. Face à cette situation, les pays de la région, les États-Unis en tête, ont mis en place des politiques migratoires communes de plus en plus inhumaines, rendant presque impossible l’accès au droit de demander l’asile et obligeant les personnes à emprunter des itinéraires plus dangereux qui les rendent encore plus vulnérables.
Dans le cadre de cette stratégie visant à freiner la migration, en collaboration avec les États-Unis et le Canada, les autorités mexicaines ont chargé la Garde nationale de faire respecter la législation relative à l’immigration et ont militarisé les frontières du pays. Elles utilisent par ailleurs systématiquement le placement en détention des migrant·e·s. Pour la seule année 2022, les services d’immigration ont placé au moins 318 660 personnes dans des centres de rétention et en ont expulsé plus de 106 000, dont des enfants et des adolescent·e·s.
Ces arrestations ne respectent pas les normes d’exception, de proportionnalité, de nécessité et de pertinence de la détention, ni les normes les plus strictes en matière de dignité des conditions de détention, notamment l’interdiction de la surpopulation, ainsi que l’accès à de l’eau et de la nourriture en quantité suffisante. Le 15 mars 2023, la première chambre de la Cour suprême du Mexique a déterminé que la détention dans les centres de rétention pour migrant·e·s ne devait pas dépasser 36 heures, période après laquelle les personnes concernées doivent pouvoir retrouver la liberté.