Écrire Un pakistanais détenu au secret après un renvoi forcé

Abdul Hafeez, 37 ans, qui dirigeait une entreprise d’installation et de maintenance d’appareils à Doubaï, a été appréhendé par les autorités émiriennes devant son domicile le 27 janvier 2022, puis placé en détention. À peine huit jours plus tard, il a été renvoyé de force vers le Pakistan La police émirienne n’a donné aucune information à sa famille sur son arrestation, se contentant de réclamer son passeport.

Depuis lors, ses proches ignorent toujours où il se trouve, la nature des faits qui lui sont reprochés et les recours juridiques qu’ils pourraient éventuellement exercer. Selon eux, il est en très grand danger au Pakistan. En effet, il avait émigré aux Émirats arabes unis en 2012 car des membres de sa famille avaient été victimes d’attaques meurtrières.

Les autorités pakistanaises doivent révéler le lieu de détention d’Abdul Hafeez, lui permettre de communiquer avec sa famille et de consulter son avocat de manière régulière, et garantir ses droits à un procès équitable et à une procédure régulière.

Le 27 janvier 2022, des hommes qui ont dit être des membres de la police de Doubaï et des responsables de l’Agence de réglementation de l’industrie de la sécurité se sont présentés devant l’immeuble où Abdul Hafeez vivait avec sa famille, à Doubaï, et ont demandé au gardien où il se trouvait. Ils ont attendu son retour, l’ont intercepté au niveau du portail et l’ont appréhendé sur le parking.

Les proches d’Abdul Hafeez se sont rendus au poste de police de Khawaneej pour signaler son arrestation, mais on leur a seulement dit de revenir plus tard. Le 31 janvier 2022, la police les a appelés pour leur réclamer son passeport. Lorsqu’ils ont cherché à en savoir plus, la police a affirmé qu’il ne se trouvait pas sous leur garde.

Selon sa famille, Abdul Hafeez était parti s’établir à Doubaï en 2012 parce que sa vie était menacée. Son père a été tué par balle en février 2012 à Khuzdar, au Baloutchistan. En octobre 2010, son frère cadet a été enlevé, par les services de sécurité du pays, semble-t-il, et son corps a été retrouvé deux semaines plus tard. En décembre 2018, le cousin d’Abdul Hafeez, Rashid Hussain, a été arrêté à Doubaï par les forces de sécurité émiriennes alors qu’il se rendait au travail avec trois collègues. Il a été renvoyé au Pakistan quelques semaines plus tard et sa famille est sans nouvelles de lui depuis lors. Il a été désigné comme suspect principal dans une affaire d’attaque armée contre le consulat de Chine à Karachi en 2018.

Une telle détention prolongée au secret correspond à la principale définition juridique de la disparition forcée en droit international, qui figure à l’article 2 de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Ni le Pakistan ni les Émirats arabes unis ne sont parties à ce traité, mais ils sont parties à la Convention contre la torture - et des informations dignes de foi font état de personnes disparues soumises à des actes de torture et à d’autres mauvais traitements.

De plus, le Pakistan a également ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Si Abdul Hafeez a été inculpé, que ce soit au Pakistan ou aux Émirats arabes unis, son extradition ou d’autres procédures judiciaires à son encontre doivent être décidées dans le cadre d’une procédure judiciaire publique dans le plein respect du droit à un procès équitable, qui comprend le droit de s’entretenir en privé avec son avocat dès le début de détention. Le refoulement – renvoi forcé d’une personne migrante qui a des craintes fondées d’être persécutée dans son pays d’origine – est interdit par le droit international.

La crise des droits humains au Balouchistan se poursuit, et selon certaines informations, les forces de sécurité soumettent à des disparitions forcées et à des exécutions extrajudiciaires des militant·e·s baloutches présumés et des militant·e·s de l’opposition accusés d’activités terroristes par les autorités. Amnesty International ne prend pas position sur la culpabilité ou l’innocence des personnes soupçonnées d’avoir pris part à des attaques qualifiées d’actes de terrorisme par les gouvernements. Cependant, toute personne doit pouvoir exercer l’ensemble des droits humains garantis par le droit national et international.

Amnesty International dénonce les attaques menées sans discimination et les attaques visant des personnes civiles qui sont perpétrées par des groupes armés, et reconnaît pleinement que les autorités pakistanaises ont pour devoir de prévenir et de réprimer les infractions, y compris les crimes violents tels que les actes de terrorisme, et de traduire en justice les auteurs présumés de tels crimes. Cependant, en soumettant à des disparitions forcées des personnes soupçonnées d’activités terroristes ou de liens avec des groupes terroristes, non seulement le Pakistan commet de graves violations de leurs droits fondamentaux, mais il manque également à son devoir d’inculper et de juger ces personnes et de les sanctionner si elles sont reconnues coupables dans le cadre d’un procès équitable.

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