Écrire La peine de huit ans de prison d’un militant chinois confirmée en appel

Le militant chinois de renom Wu Gan (plus connu sous son nom de plume Tufu, « Le Boucher ») risque toujours d’être soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements, le tribunal populaire supérieur de Tianjin ayant rejeté son appel et confirmé sa condamnation à huit ans d’emprisonnement pour subversion du pouvoir de l’État.

Le tribunal populaire supérieur de Tianjin a rejeté l’appel formé par Wu Gan et confirmé sa condamnation à huit ans d’emprisonnement lors de l’audience qui s’est tenue le 17 avril 2018. Le résultat de ce recours en appel a été annoncé au moyen d’une notification d’une ligne publiée sur le site officiel du tribunal. D’après les informations reçues, les avocats de Wu Gan étaient soumis à d’intenses pressions et ils n’ont pas répondu directement aux questions portant sur le procès de Wu Gan. Selon son avocat, Wu Gan a été condamné à une lourde peine par rapport à d’autres militants, parce qu’il a refusé de plaider coupable. Dans une déclaration publiée après son premier procès, qui a eu lieu en décembre 2017, Wu Gan a donné les noms de 13 fonctionnaires qui l’auraient torturé pendant sa détention. Il risque toujours d’être torturé et de subir d’autres mauvais traitements.

On ignore si le père de Wu Gan, Xu Xiaoshun, a assisté au procès de Wu Gan le 17 avril. On ignore où Xu Xiaoshun se trouve actuellement. Le 16 avril, Xu Xiaoshun a dit à un journaliste que les autorités l’avaient emmené le 8 avril alors qu’il se rendait à l’hôpital pour y être soigné, ayant été blessé dans un accident de la circulation. Il a été enfermé dans un hôtel à Guilin, dans la région autonome du Guangxi Zhuang. Lors de la conversation téléphonique, quelqu’un a crié « raccroche », et la ligne a été coupée.

Wu Gan a été condamné à huit ans d’emprisonnement et privé de ses droits politiques pour cinq années supplémentaires pour « subversion du pouvoir de l’État » par le tribunal populaire intermédiaire n° 2 de Tianjin, le 26 décembre 2017. Peu après sa condamnation, Wu Gan a publié une déclaration dans laquelle il affirmait avoir rejeté la requête des autorités qui lui demandaient de plaider coupable en échange d’une sentence plus clémente.

La Chine a par le passé déjà intenté des actions sous-tendues par des considérations politiques à l’encontre de célèbres militants au moment de Noël. Le dissident chinois de premier plan Hu Jia a été arrêté le 27 décembre 2007. Liu Xiaobo, qui s’est vu décerner le prix Nobel de la paix et qui est décédé en détention en 2017, avait été condamné à 11 ans d’emprisonnement le 25 décembre 2009 pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ».

Wu Gan a été arrêté lors d’une manifestation devant un tribunal organisée en mai 2015 pour protester contre une erreur judiciaire commise dans le cadre d’une affaire, remontant à 2000, où les accusés étaient passibles de la peine de mort. En juillet 2015, Wu Gan a été officiellement arrêté par le parquet populaire de la ville de Xiamen pour des accusations d’« incitation à la subversion du pouvoir de l’État » et pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ». Wu Gan est un militant célèbre en Chine depuis 2009. Il est reconnu pour ses méthodes innovantes, qui consistent à mener en parallèle des actions en ligne et sur le terrain, à mettre en lumière les violations des droits humains et à collecter des fonds sur Internet pour financer ses activités.

Entre le 18 et le 20 mai 2015, Wu Gan a participé à une manifestation devant le tribunal populaire supérieur de la province du Jiangxi, à Nanchang. Il était venu soutenir un groupe d’avocats réclamant de pouvoir consulter des pièces de procédure dans une affaire datant de 2000 concernant quatre hommes condamnés à mort pour vol, viol et meurtre, et dans laquelle une erreur judiciaire aurait été commise. Leurs avocats affirmaient que les « aveux » des accusés leur avaient été arrachés sous la torture et ils souhaitaient rouvrir le dossier, mais ils n’avaient jusque-là pas été autorisés à examiner les documents de l’affaire. En 2011, Fang Linzai, suspect dans une autre affaire, a avoué que c’était lui qui avait commis le meurtre. Le parquet n’a cependant pas abandonné les charges contre les quatre autres accusés. Les actions militantes de Wu Gan ont permis d’attirer l’attention du public sur les agissements illégaux des autorités impliquées dans cette affaire, et contribué à l’ouverture d’un nouveau procès et à l’acquittement des quatre hommes en 2016.

Les militants et les défenseurs des droits humains continuent d’être systématiquement soumis à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, à des placements en détention et à des arrestations. De plus en plus de défenseurs des droits humains sont retenus par la police dans des lieux de détention non officiels, parfois sans pouvoir consulter un avocat pendant de longues périodes, ce qui les expose au risque de subir des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.

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