Au moins 130 000 personnes continuent à être privées de services humanitaires essentiels, plus de deux mois après que les autorités du Myanmar ont lancé de vastes opérations de sécurité dans le nord de l’État d’Arakan. Les Nations unies ont indiqué que des vies seront menacées si le gouvernement n’agit pas immédiatement pour permettre aux organisations d’aide humanitaire de se rendre auprès des populations concernées.
Le 9 octobre, des assaillants non identifiés ont attaqué trois avant-postes de la police dans le nord de l’État d’Arakan, au Myanmar, se sont emparés d’armes et ont tué neuf garde-frontières. Les autorités ont alors lancé une opération de sécurité de grande ampleur pour appréhender les agresseurs, et ont suspendu l’accès humanitaire à l’État d’Arakan, décision affectant 150 000 personnes. La majorité des personnes concernées appartiennent à l’ethnie Rohingya, qui dépendait fortement de ces services. À ce jour, l’acheminement de l’aide a en partie repris pour environ 20 000 personnes et, début décembre, les Nations unies ont pu participer à une distribution limitée d’articles de première nécessité dans un certain nombre de villages. Il n’en reste pas moins que depuis plus de deux mois, 130 000 personnes ne bénéficient plus de l’assistance dont elles dépendaient sur le plan alimentaire, financier et nutritionnel.
Quelque 30 000 personnes supplémentaires auraient été déplacées par les opérations de sécurité dans le nord de l’agglomération de Maungdaw, et outre une unique livraison, effectuée par les Nations unies en novembre, de deux semaines de rations de nourriture pour 7 200 personnes, aucune organisation humanitaire n’a été autorisée à se rendre dans la zone en question. Compte tenu des restrictions actuelles à la liberté de mouvement, la plupart des personnes sont également empêchées de recevoir des services de santé primaires.
Les opérations de sécurité ont été caractérisées par des violations des droits humains, les forces de sécurité de l’État se rendant coupables d’une force disproportionnée et d’attaques sans discrimination, de viols et de violences sexuelles, d’arrestations et de détentions arbitraires, de destructions de biens et de pillages contre la population rohingya.