Solafa Magdy, Hossam el Sayed et Mohamed Salah sont des journalistes indépendants qui travaillent pour différents médias. Solafa Magdy et Hossam el Sayed sont mariés et ont un fils de sept ans. Amnesty International pense que la détention de ces personnes est uniquement liée à leurs écrits et à leur militantisme sur les réseaux sociaux visant à défendre les prisonniers d’opinion et les victimes de violations des droits humains, notamment leur amie Esraa Abdelfattah, une journaliste et militante qui est également en détention.
Solafa Magdy et Mohamed Salah font l’objet d’accusations forgées de toutes pièces d’« adhésion à un groupe terroriste » et de « diffusion de fausses nouvelles », Hossam el Sayed étant pour sa part inculpé d’« appartenance à un groupe terroriste » dans le cadre de l’affaire n° 488 de 2019, relative aux manifestations antigouvernementales de mars 2019. Tous trois sont détenus depuis le 26 novembre 2019. Le 15 mars 2020, le ministère égyptien de la Justice a suspendu toutes les audiences des tribunaux afin d’empêcher la propagation du COVID-19. Par conséquent, plus aucun détenu, y compris Solafa Magdy, Mohamed Salah et Hossam el Sayed, n’est transféré pour des audiences de procès ou de renouvellement de leur placement en détention.
Depuis que le président Abdel Fattah al Sissi est au pouvoir, les autorités ont bloqué arbitrairement des centaines de sites Internet d’information, perquisitionné et/ou fermé les locaux d’au moins neuf organes de presse et arrêté arbitrairement des dizaines de journalistes. Au moins 37 journalistes sont actuellement derrière les barreaux simplement pour avoir fait leur travail légitime ou exprimé des opinions sur leurs pages personnelles de réseaux sociaux. Au moins 20 d’entre eux ont été arrêtés et placés en détention uniquement en lien avec leur profession, par exemple pour avoir mené des enquêtes, publié des articles ou encore couvert des manifestations antigouvernementales.
L’arrestation de Solafa Magdy, Hossam el Sayed et Mohamed Salah a eu lieu dans le contexte de la répression consécutive aux manifestations de septembre 2019, la plus vaste à s’être abattue sur les voix dissidentes depuis 2014, et deux jours après une descente de police dans les locaux du site indépendant d’information Mada Masr.
Les 20 et 21 septembre 2019, des manifestations éparses ont éclaté dans plusieurs villes d’Égypte, réclamant la démission du président Abdel Fattah al Sissi. Ce mouvement de protestation a été déclenché par la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos où Mohamed Ali, un entrepreneur ayant travaillé pour l’armée égyptienne, accusait des chefs militaires et le président d’avoir dilapidé des fonds publics en faisant construire des propriétés de luxe. Amnesty International a rassemblé des informations montrant que les forces de sécurité égyptiennes ont procédé à de très nombreuses arrestations de manifestants pacifiques, de journalistes, d’avocats spécialisés dans la défense des droits humains, de militants et de personnalités politiques dans le but de faire taire les critiques et d’empêcher d’autres manifestations.
Selon des avocats égyptiens défenseurs des droits humains, les autorités ont arrêté au moins 4 000 personnes en raison de leur participation ou de leur soutien présumés aux manifestations. Les autorités ont ordonné le placement en détention provisoire d’au moins 3 715 personnes dans l’attente des résultats d’investigations sur des charges liées au « terrorisme », dans le cadre de la plus vaste enquête pénale jamais menée à la suite de manifestations en Égypte.