Plus d’un an et demi après le début de la crise au Nicaragua, au moins 130 personnes sont maintenues en détention, dont Maria Guadalupe Ruiz Briceño, 22 ans, une étudiante incarcérée après avoir participé à une manifestation en juillet 2019. Amnesty International appelle les autorités nicaraguayennes à libérer immédiatement toutes les personnes privées de liberté uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique, et à abandonner toutes les charges retenues contre elles.
Écrire Plus de 130 personnes sont maintenues en détention
Le 18 avril 2018, après des années de déclin des institutions au Nicaragua, des manifestations ont éclaté après que le gouvernement eut tenté de mettre en place, sans consultation, une réforme impopulaire de la sécurité sociale. Ces manifestations ont été violemment réprimées. D’après la Commission interaméricaine des droits de l’homme, cette crise a entraîné la mort de 328 personnes et fait plus de 2 000 blessés. De plus, selon des chiffres émanant de la société civile, plus de 700 personnes ont été arrêtées. En outre, 300 professionnel.les de la santé ont été licenciés, et 144 étudiant.es ont été expulsés de l’Université autonome nationale du Nicaragua (UNAN). Quelque 80 000 Nicaraguayen.nes ont rejoint des pays voisins, dont 68 000 s’étaient réfugiés au Costa Rica en août 2019, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Plus de 100 journalistes et professionel.les des médias ont dû s’exiler.
Le gouvernement n’a jusqu’ici pas respecté l’engagement, pris en mars 2019, de libérer toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique depuis le 18 avril 2018. Selon des informations émanant de l’Initiative nicaraguayenne de défenseures des droits humains et de l’Unité de défense juridique, Maria Guadalupe, 22 ans, a été violemment arrêtée le 13 juillet 2019 et les autorités n’ont pas dument respecté les normes garantissant une procédure régulière.
Le 16 mai 2019, Eddy Montes, 57 ans, citoyen nicaraguayen et américain, a été abattu à la prison de La Modelo, à Managua. Cet homme et d’autres personnes blessées ont été arrêtés pour avoir pris part aux manifestations de 2018. Une loi d’amnistie a été approuvée par l’Assemblée nationale du Nicaragua le 8 juin 2019 et 56 personnes ont été libérées le 11 juin 2019.
Dans le rapport intitulé “Instilling terror”, Amnesty International concluait que l’un des piliers de cette politique répressive était la criminalisation persistante des opposants par les autorités nicaraguayennes, qui qualifiaient de « terroriste » ou « putschiste » tout opposant, pour justifier leur propre violence. Depuis lors, la contestation s’est poursuivie pour faire changer les choses en profondeur. Plus d’un an et demi après le début de la répression des manifestations, Amnesty International reçoit toujours des informations faisant état d’arrestations arbitraires et d’actes de torture commis à l’encontre de personnes privées de liberté. Les organisations de la société civile dont l’enregistrement a été révoqué par le gouvernement, dont le Centre nicaraguayen des droits humains (CENIDH), ne peuvent toujours pas mener librement leurs activités dans le pays, et le harcèlement à l’encontre des journalistes et des personnes qui défendent les droits humains se poursuit. Les attaques contre la liberté d’expression et de réunion pacifique témoignent d’une stratégie permanente visant à faire taire les voix dissidentes.
LIEN VERS L’AU PRÉCÉDENTE : https://www.amnesty.org/fr/documents/amr43/0953/2019/fr/
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