Plusieurs centaines de Haïtiens, d’Africains et de Mexicains déplacés à l’intérieur de leur pays sont bloqués dans les villes de Tijuana et de Mexicali, beaucoup étant dans l’attente de rendez-vous avec le service américain des douanes et de la protection des frontières de l’autre côté de la frontière. Beaucoup se trouvent dans une situation très précaire, sans abri convenable, sans sécurité et sans soutien psychologique. Certains d’entre eux, de même que des ressortissants du Salvador, du Guatemala et du Honduras, risquent d’être expulsés et de se retrouver en danger, si le système d’examen des demandes d’asile n’est pas amélioré.
En 2016, un nombre sans précédent de Haïtiens sont arrivés au Mexique, beaucoup d’entre eux venant du Brésil, où ils avaient travaillé de façon temporaire après avoir quitté leur pays à la suite du séisme de 2010, et plus récemment en raison de l’ouragan Matthew qui a fait au moins 900 morts et qui a dévasté une grande partie du sud d’Haïti. Le 22 septembre, le département américain de la Sécurité intérieure a mis fin à la libération conditionnelle pour raisons humanitaires accordée à des Haïtiens à la suite du séisme de 2010 et annoncé la reprise des renvois habituels, ce qui a poussé les Haïtiens à se précipiter à la frontière américano-mexicaine avant la reprise des expulsions. En raison de cet afflux, les structures d’accueil pour migrants à Tijuana et à Mexicali, qui étaient déjà totalement occupés notamment par des Mexicains déplacés et des ressortissants de pays d’Amérique centrale fuyant la violence, ont été surchargées.
Le ministère mexicain de l’Intérieur a également signalé récemment une augmentation soudaine des arrivées de personnes venant d’Afrique, y compris de pays en proie à une guerre tels que le Congo et la Somalie. Les Haïtiens qui se trouvent à Tijuana et à Mexicali sont parfois pris pour des Africains. De plus, les personnes fuyant la violence et susceptibles de demander l’asile venant du Salvador, du Honduras et du Guatemala risquent de voir négligé leur besoin de protection internationale. Des Mexicains déplacés qui ont indiqué à des défenseurs des droits des migrants qu’ils fuyaient les violences commises dans les États de Michoacán et de Guerrero se trouvent toujours dans des abris de fortune situés non loin de la frontière et ont parfois dit avoir été harcelés par la police locale.
Les autorités mexicaines n’ont pas fait le nécessaire pour que des procédures appropriées d’examen des demandes soient mises en place, notamment pour repérer les éventuels besoins de protection internationale. Alors qu’un grand nombre de Haïtiens souhaitent entrer aux États-Unis, comme le service mexicain en charge des demandes d’asile (Comisión Mexicana de Ayuda a Refugiados, COMAR) ne dispose pas d’une présence sur place, les cas de plusieurs centaines de personnes ne peuvent pas être convenablement examinés et triés. Certaines de ces personnes remplissent peut-être les conditions requises pour obtenir le statut de réfugié au Mexique. Il est nécessaire que les autorités mexicaines collaborent avec les autorités américaines pour assurer une détection efficace.