Le 22 septembre 2022, le militant et poète Artiom Kamardine a participé à une lecture publique de poésie au parc de Trioumfalnaïa, à Moscou. Ces lectures, baptisées « lectures de Maïakovski », se déroulent près du monument en hommage au poète Vladimir Maïakovski et font perdurer la tradition des dissidents soviétiques. Les lectures de septembre 2022 ont été organisées pour protester contre la mobilisation déclarée la veille pour renforcer les troupes russes qui mènent la guerre d’agression contre l’Ukraine.
Le 26 septembre 2022, des policiers armés ont fait irruption au domicile d’Artiom Kamardine et de sa compagne Alexandra Popova. La police n’a pas permis à l’avocat d’Artiom Kamardine d’être présent pendant la perquisition. D’après les informations fournies par Alexandra Popova, des membres des forces de l’ordre ont torturé Artiom Kamardine, l’ont soumis à des violences à caractère sexuel, l’ont filmé et ont obligé Alexandra à regarder la vidéo. Puis, ils ont forcé Artiom Kamardine à se mettre à genoux et lui ont fait enregistrer une vidéo « d’excuses » pour son poème anti-guerre.
En outre, les policiers ont torturé Alexandra Popova : ils lui ont collé des autocollants sur le visage avec de la superglue, l’ont tirée par les cheveux et l’ont frappée, ce qui, selon Alexandra Popova, lui a causé une commotion cérébrale et une blessure à la tête. Ils l’ont également insultée et menacée de viol en réunion.
Selon son avocat, un diagnostic a été établi pour Artiom Kamardine : commotion cérébrale, multiples contusions et autres blessures. Les autorités ont refusé de l’hospitaliser.
Des poursuites ont été engagées contre Artiom Kamardine et deux autres hommes, Egor Chtovba et Nilkolaï Daïneko, également présents aux lectures de Maïakovski. Ils ont été inculpés d’« incitation à la haine et à l’inimitié » (article 282.2 du Code pénal) et d’« appels publics à des actes dirigés contre la sécurité de l’État » (article 280.4-3 du Code pénal). Nilkolaï Daïneko a plaidé coupable et a été condamné à une peine de quatre ans de prison en mai 2023. Le 28 décembre 2023, le tribunal du district de Tverskoï à Moscou a condamné Artiom Kamardine à sept ans d’emprisonnement. Egor Chtovba a quant à lui écopé d’une peine de cinq ans et six mois de prison.
Artiom Kamardine souffre de plusieurs problèmes de santé diagnostiqués avant son arrestation et sa condamnation, notamment d’une « ostéochondrose intervertébrale », d’une « hernie discale médiane postérieure » et d’une « dépression liée au syndrome d’Asperger ». Son état de santé s’est détérioré depuis son incarcération. Depuis avril 2024, il souffre de graves douleurs dorsales. Il a aussi signalé d’autres soucis de santé, notamment des migraines, des nausées, des vertiges et des acouphènes. Son état psychologique est également impacté et il souffre entre autres de crises d’angoisse et de troubles du sommeil.
Pendant sa détention provisoire, la famille d’Artiom a tenté en vain de le faire examiner par un médecin. Le 21 octobre 2024, il a finalement été transféré dans la clinique d’un autre centre de détention provisoire. Cependant, aucun examen médical adéquat n’a été mené, car la clinique ne disposait pas de l’équipement nécessaire. Selon sa famille, il n’a pas reçu les soins adaptés et son état n’a pas connu d’amélioration. Au contraire, il s’est détérioré après son transfert dans la colonie pénitentiaire.