Le procès d’Ekaterina Vologjeninova va reprendre le 21 janvier. Inculpée d’incitation à la haine et à l’inimitié, elle encourt jusqu’à cinq ans de prison pour avoir publié sur les réseaux sociaux des commentaires où elle condamnait les opérations de la Russie en Ukraine.
Ekaterina Vologjeninova, une vendeuse d’Ekaterinbourg, est jugée pour « incitation à la haine et à l’inimitié », charge retenue à son encontre à la suite des critiques qu’elle a publiées sur Internet contre l’annexion de la Crimée par la Russie et l’implication de son pays dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Depuis l’ouverture de son procès le 27 octobre, trois audiences ont été tenues et trois témoins de l’accusation (sur cinq) ont été interrogés.
L’une des trois personnes appelées à la barre, un ancien collègue d’Ekaterina Vologjeninova, a retiré les déclarations qu’il avait faites durant l’enquête et affirmé qu’un agent du Service fédéral de sécurité (FSB) avait « dénaturé ses propos ». Les deux autres témoins, présents lors de la perquisition menée au domicile de l’accusée en décembre 2014, sont membres du Roskomnadzor (autorité de régulation des médias et des communications). Ils ont soutenu que les publications d’Ekaterina Vologjeninova sur les réseaux sociaux les avaient offensés en tant que citoyens russes et étaient « dirigées contre les Russes et leur gouvernement ». Ils n’ont toutefois pas été en mesure de confirmer que ces publications visaient des groupes ethniques spécifiques, élément constitutif de l’infraction dont est accusée Ekaterina Vologjeninova. Les deux derniers témoins de l’accusation, un agent du FSB qui avait perquisitionné à son domicile et une femme dont elle n’a jamais entendu parler, ne se sont pas présentés aux audiences. Le tribunal a ordonné qu’une assignation leur soit délivrée par huissier de justice. Le procès va reprendre le 21 janvier.
Dans le contexte politique que connaît actuellement la Russie, les actions en justice intentées pour des motifs politiques, comme celle visant cette femme, sont de plus en plus fréquentes.
Ekaterina Vologjeninova élève seule sa fille adolescente et assume la charge de sa mère âgée.
Le 12 octobre, le Rosfinmonitoring (service fédéral responsable de la lutte contre le blanchiment et contre le financement du terrorisme) a inscrit Ekaterina Vologjeninova sur sa liste des terroristes et des extrémistes. Ses comptes et cartes bancaires ont alors été bloqués. Elle a essayé, en vain, de contester cette décision devant le tribunal de l’arrondissement de Jeleznodorojny, à Ekaterinbourg. Celui-ci s’est rangé à l’avis du Rosfinmonitoring, estimant qu’une inculpation pour des « activités extrémistes » suffisait à justifier son inscription sur la liste des terroristes et des extrémistes.