Écrire Poursuite de la répression des militants dénonçant la catastrophe écologique causée par la société Formosa

Les autorités vietnamiennes continuent à réprimer les militants qui expriment des inquiétudes au sujet de la catastrophe écologique provoquée en 2016 par l’entreprise Formosa et des conséquences de cet événement. Le 12 mai 2017, un mandat d’arrêt a été décerné à l’encontre du militant Bạch Hồng Quyền, qui est entré dans la clandestinité depuis lors. Hoàng Đức Bình, défenseur des droits humains et blogueur, est quant à lui détenu depuis le 15 mai 2017. D’autres militants sont eux aussi soumis à des actes de harcèlement et d’intimidation et risquent d’être arrêtés.

Le 15 mai, dans la matinée, Hoàng Đức Bình, défenseur des droits humains et blogueur, a été appréhendé par les autorités dans la province de Nghệ An (centre-nord du Viêt-Nam). Il a été inculpé d’« actes d’opposition commis à l’encontre d’une personne exerçant une fonction publique » au titre de l’article 257 du Code pénal de 1999 et d’« utilisation abusive des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l’État et aux droits et intérêts légitimes des organisations ou des citoyens » au titre de l’article 258 du même code. Chacun de ces chefs d’inculpation est passible d’une peine de six mois à sept ans d’emprisonnement.

Hoàng Đức Bình, vice-président du Mouvement des travailleurs vietnamiens, un mouvement indépendant, tient un blog sur la catastrophe écologique provoquée par l’entreprise Formosa en avril 2016 – qui a très gravement affecté les stocks de poissons de plusieurs provinces vietnamiennes – et apporte une aide aux personnes touchées par cette catastrophe. Au moment de son arrestation, il voyageait avec un prêtre catholique, le père Nguyễn Đình Thục. Selon les informations recueillies, les autorités ont contraint Hoàng Đức Bình à signer des « aveux » après l’avoir placé en détention dans le district de Diễn Châu (province de Nghệ An). On ignore où il est détenu à l’heure actuelle. Le père Nguyễn Đình Thục, qui soutient lui aussi activement les personnes touchées par la catastrophe écologique, a également été la cible de menaces et d’actes d’intimidation en raison de ses activités et risque d’être arrêté.

Un autre militant et blogueur vietnamien, Bạch Hồng Quyền, membre du Mouvement du sentier vietnamien, un groupe réformiste pacifique non autorisé, fait également l’objet de poursuites après qu’un mandat d’arrêt a été décerné à son encontre. Il est entré dans la clandestinité et a été inculpé de « troubles à l’ordre public » pour son rôle présumé dans l’organisation d’une manifestation, tenue le 3 avril, réclamant que la lumière soit faite sur la catastrophe écologique provoquée par Formosa et que les responsables présumés soient soumis à l’obligation de rendre des comptes. Les autorités ont rendu visite et à son épouse, et à ses parents, afin de tenter de l’arrêter.

Les premiers signes de la catastrophe écologique due à l’aciériste taïwanais Formosa sont apparus en avril 2016 : des bancs entiers de poissons ont été retrouvés morts dans les eaux bordant les côtes des provinces de Hà Tĩnh, Quảng Bình, Quảng Trị, Thừa Thiên-Huế et Nghệ An. Quelque 270 000 personnes, parmi lesquelles des pêcheurs et d’autres personnes vivant des activités de la pêche, ainsi que leurs proches, ont subi les répercussions de la mort de millions de poissons. À l’issue d’une enquête de deux mois sur cette catastrophe, le gouvernement a confirmé les suspicions du public selon lesquelles une aciérie de l’entreprise taïwanaise Formosa Plastics Group, basée dans la province de Hà Tĩnh, avait rejeté des déchets toxiques dans les eaux côtières. Fin juin 2016, Formosa s’est excusée publiquement et a annoncé qu’elle verserait 500 millions de dollars des États-Unis à titre d’indemnisation. Cependant, les personnes affectées par la catastrophe estiment que cette somme est insuffisante au vu de l’impact subi et de la perte de leurs moyens de subsistance.

Le 29 septembre 2016, le Premier ministre Nguyễn Xuân Phúc a décidé (Décision 1880) de la répartition de l’indemnisation. Aux termes de cette décision, seules les victimes des quatre provinces de Hà Tĩnh, Quảng Bình, Quảng Trị, et Thừa Thiên-Huế seraient bénéficiaires de cette indemnité. Cette décision a été prise plusieurs jours après le dépôt de 506 plaintes auprès du tribunal populaire de la province de Hà Tĩnh par des personnes affirmant avoir subi des préjudices à cause de cette catastrophe. Le 5 octobre 2016, les 506 plaintes ont été rejetées au motif, semble-t-il, que les plaignants n’avaient pas fourni la preuve de leurs préjudices matériels et, sur le plan procédural, que le tribunal ne pouvait pas rendre de décision pour une affaire au sujet de laquelle une décision contraignante avait déjà été prise par un organe gouvernemental. Les 619 plaintes qui n’ont pas pu être déposées auprès du tribunal populaire de la province de Hà Tĩnh, le 14 février 2017, émanent d’habitants de la province de Nghệ An, qui sont exclus du plan d’indemnisation fixé par la Décision 1 880.

La catastrophe due à l’entreprise Formosa est devenue un problème d’ampleur nationale au Viêt-Nam. Des manifestations d’une ampleur inégalée, aussi bien en ce qui concerne leur fréquence que le nombre de participants, ont eu lieu dans le pays. Les autorités ont réagi en réprimant fortement la série de manifestations qui ont eu lieu à travers le pays en mai 2016 et, en octobre 2016, une manifestation qui aurait rassemblé quelque 20 000 participants dans la province de Hà Tĩnh. Des dispositifs policiers très étendus, visant à prévenir et sanctionner la participation à des manifestations, ont donné lieu à toutes sortes de violations des droits humains, notamment à des actes de torture et d’autres traitements et châtiments cruels, inhumains ou dégradants, ainsi qu’à des atteintes à la liberté de réunion pacifique et au droit de circuler librement.

Alors que les manifestations et les appels à la transparence et à la reddition de comptes se poursuivent en 2017, les autorités répondent par des menaces, des actes de harcèlement et d’intimidation et des violences physiques à l’encontre des personnes qui participent à la coordination et au dépôt des plaintes. Les défenseurs des droits humains et les militants engagés dans l’organisation des manifestations sont de plus en plus souvent pris pour cibles.
Le 15 février 2017, Amnesty International a appelé à la libération de Nguyễn Văn Hóa, un blogueur du district de Kỳ Anh (centre-nord du Viêt-Nam), qui a été arrêté le 11 janvier 2017. Il avait aidé des pêcheurs touchés par la catastrophe écologique causée par Formosa.

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