Écrire Préoccupations pour la santé d’un blogueur incarcéré

Ramzy Razeek, fonctionnaire à la retraite et commentateur sur les réseaux sociaux, est détenu depuis le 9 avril 2020 sans inculpation, et sans pouvoir consulter dûment un avocat.

Il souffre de plusieurs complications médicales et sa famille est préoccupée pour son état de santé en raison de la surpopulation et du manque d’hygiène dans l’établissement pénitentiaire.

Détenu alors qu’il n’a fait qu’exercer pacifiquement son droit à la liberté d’expression, Ramzy Razeek doit être libéré immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre lui doivent être abandonnées.

Ramzy Razeek, fonctionnaire à la retraite de Katugastota, à Kandy, dans le centre du Sri Lanka, est un commentateur assidu des affaires politiques et sociales sur son compte Facebook. Dans ses publications, il prône constamment l’harmonie interreligieuse, l’égalité, la justice et la lutte contre le racisme. Il a été arrêté à son domicile par la police judiciaire (CID) dans l’après-midi du 9 avril 2020, semble-t-il en raison des opinions qu’il a publiées sur Facebook.

Une semaine avant son arrestation, le 2 avril, Ramzy Razeek avait posté le message suivant sur son mur Facebook : « […] Les musulmans sont encerclés de tous côtés par des groupes racistes opérant dans le pays de telle manière qu’ils sont incapables de faire face à une telle guerre idéologique. La communauté musulmane demeure sous le choc, incapable de faire quoi que ce soit face à cette attaque intellectuelle. […] Les musulmans doivent se préparer sans attendre à un djihad idéologique (une lutte idéologique) pour le pays et pour tous ses citoyens, en s’armant d’un stylo et d’un clavier.
Ils doivent s’attacher à aider la population à comprendre la vérité à travers un combat idéologique, en se servant de tout l’espace disponible, notamment des médias classiques et des réseaux sociaux, pour contrer la propagande de haine visant les musulmans, qui font partie de la population de ce pays. Rien n’est impossible. »

On pense que cette publication, ainsi que des précédentes, ont conduit à son arrestation.

Ramzy Razeek aurait reçu des menaces de mort émanant de plusieurs personnes après sa publication du 2 avril ; il a alors porté plainte auprès de l’inspecteur général de la police dans la matinée du 9 avril. Il a aussi décidé de s’autocensurer et a annoncé le 3 avril qu’il ne posterait plus rien en lien avec les problèmes politiques ou nationaux, afin d’éviter de mettre en danger ses enfants. Au lieu de prendre des mesures contre les personnes l’ayant menacé en raison de ses opinions, la police l’a interpellé.

Son audience a été reportée à de multiples reprises et il a été placé en détention provisoire jusqu’au 28 mai, date de sa prochaine comparution devant le tribunal de première instance à Colombo. D’après ses avocats, la police a invoqué la Loi sur le PIDCP et la Loi relative à la cybercriminalité pour motiver son arrestation. Les visites comme les communications avec ses avocats et ses proches ont été limitées en raison des restrictions liées au COVID-19.

Selon sa famille, Ramzy Razeek souffre de plusieurs problèmes de santé, notamment d’arthrite, d’insuffisance rénale, de troubles hépatiques, de maladies cardio-vasculaires et de lésions dues à des ulcères aux jambes, qui nécessitent des traitements quotidiens, des soins et une bonne hygiène afin d’éviter les infections. C’est l’une des raisons pour lesquelles il a pris sa retraite anticipée du ministère de l’Agriculture.

Cet usage arbitraire de la Loi sur le PIDCP au Sri Lanka, qui constitue une utilisation abusive d’une loi destinée à protéger et non à bafouer les droits humains, crée un effet paralysant dans le pays, où plusieurs personnes, dont des écrivain·e·s et des militant·e·s, sont placées en détention pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions. En vertu du PIDCP, que le Sri Lanka est juridiquement tenu d’appliquer, des restrictions peuvent être apportées aux droits à la liberté d’expression et à la liberté de pensée, de conscience et de religion, mais uniquement dans des cas précis et clairement définis.

Ces restrictions ne sont autorisées que si elles sont prévues par la loi, ont pour but de protéger certains intérêts publics (la sécurité nationale ou publique, l’ordre public, la santé ou la moralité publiques) ou les droits et libertés d’autrui, et s’il est possible de démontrer qu’elles sont nécessaires à la réalisation de cet objectif. Le simple fait de critiquer implicitement ou même explicitement une religion ou un autre système de croyance ne peut relever de la qualification d’incitation.

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