Abdulkareem al Khoder, défenseur saoudien des droits humains, a été de nouveau condamné en vertu de la Loi antiterroriste de 2014. Il doit purger une peine de 10 ans d’emprisonnement, assortie d’une interdiction de voyager consécutive de la même durée. Cet homme est un prisonnier d’opinion.
Abdulkareem Yousef al Khoder a été condamné le 19 octobre à une peine de 10 ans d’emprisonnement, assortie d’une interdiction de voyager consécutive de la même durée, par le Tribunal pénal spécial – juridiction traitant les infractions liées à la sécurité et au terrorisme et siégeant à Riyadh. Ce membre fondateur de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA) a été rejugé car une cour d’appel avait annulé la peine de huit d’emprisonnement que le tribunal pénal de Bouraïda avait prononcée à son encontre.
Le Tribunal pénal spécial a condamné Abdulkareem al Khoder coupable des mêmes chefs qu’en première instance, qui se fondaient sur les mêmes allégations. Cet homme a été déclaré coupable, entre autres, d’« incitation à troubler l’ordre public en appelant à manifester », d’« outrage au pouvoir judiciaire » et de « participation à la création d’une organisation non autorisée » (à savoir l’ACPRA). À l’instar de nombreux autres défenseurs des droits humains, Abdulkareem al Khoder n’a jamais reconnu la légitimité du Tribunal pénal spécial.
Il a été placé en détention au quatrième jour d’audience devant le tribunal pénal de Bouraïda, le 24 avril 2013, lorsqu’il a refusé de pénétrer dans la salle après que le juge a arbitrairement interdit aux femmes d’entrer. Il a été condamné le 24 juin 2013 à une peine de huit ans d’emprisonnement, assortie d’une interdiction de voyager pendant 10 ans. La cour d’appel a annulé la condamnation en janvier 2014 et a renvoyé l’affaire devant un autre juge du tribunal pénal, estimant que le juge qui avait prononcé la peine ne s’était pas montré impartial et qu’un différend d’ordre personnel l’opposait à Abdulkareem al Khoder.
En mai 2014, le nouveau juge a statué qu’il n’était pas compétent et que l’affaire devait être transférée au Tribunal pénal spécial en raison de la nature des charges. La cour d’appel a confirmé cette décision par la suite. Par ailleurs, le tribunal pénal a ordonné qu’Abdulkareem al Khoder soit libéré en attendant la fin de son procès mais les autorités n’ont pas obtempéré.