Le bureau du procureur a inculpé Rosmit Mantilla d’incitation à commettre une infraction et d’intimidation, d’obstruction sur la voie publique, d’incendie volontaire contre des bâtiments publics et privés, de dégâts avec violences et d’association de malfaiteurs en vue de commettre un crime, lors des manifestations antigouvernementales qui se sont déroulées entre février et juillet 2014.
Les accusations se fondent sur une déclaration faite par des personnes non identifiées, qui affirment que Rosmit Mantilla avait reçu des fonds en vue de financer les manifestations antigouvernementales, et sur des éléments de preuve découverts par les services de renseignements lors d’une perquisition au domicile de Rosmit Mantilla, tels que des tracts incitant les citoyens à participer aux manifestations et des enveloppes contenant de l’argent.
Amnesty International considère que le bureau du procureur n’a pas présenté de preuves tangibles établissant un lien entre Rosmit Mantilla et les crimes dont il est accusé. Par exemple, les accusations d’incitation à commettre une infraction, d’incendie volontaire contre des bâtiments publics et privés, et de dégâts avec violences sont basées sur le fait qu’il était en possession de tracts exhortant la population à rejoindre les manifestations antigouvernementales.
Le 30 janvier 2015, après neuf mois de détention provisoire et de lenteurs de procédure, le juge d’instruction a statué que les preuves étaient suffisantes et que Rosmit Mantilla devait être jugé. Près d’un an après cette décision, le procès, marqué par des retards injustifiés, progresse avec lenteur.
Le 6 décembre 2015, Rosmit Mantilla a été élu membre de l’Assemblée nationale et il bénéficie de l’immunité parlementaire.
Lors des manifestations organisées entre février et juillet 2014 pour soutenir ou dénoncer l’action gouvernementale au Venezuela, le recours à une force excessive et les affrontements entre forces de l’ordre, manifestants antigouvernementaux et groupes armés soutenant le gouvernement ont fait au moins 43 morts – dont six membres des forces de sécurité – et 878 blessés – dont environ 300 membres des forces de sécurité. Certaines personnes ont été victimes de torture et d’autres mauvais traitements.
Par ailleurs, 3 351 personnes ont été appréhendées. Si la plupart ont été relâchées, plusieurs centaines risquent d’être jugées pour leur implication présumée dans les violences commises lors des manifestations. Après avoir étudié les informations présentées par le ministère public au sujet de plusieurs personnes maintenues derrière les barreaux, Amnesty International a pu confirmer le caractère arbitraire de certaines détentions.
Bien que le système pénitentiaire vénézuélien ait subi des réformes, les conditions carcérales sont toujours très dures. Le manque de soins médicaux, d’eau potable et de nourriture, l’insalubrité, la surpopulation et la violence dans les prisons et les postes de police demeurent un sujet d’inquiétude. Les autorités pénitentiaires ne sont donc pas en mesure de protéger les droits des prisonniers, notamment leurs droits à la santé et à l’intégrité physique. Les détenus ont à plusieurs reprises organisé des mutineries et des mouvements de protestation, y compris des actes d’automutilation, pour réclamer de meilleures conditions de détention. De nombreux détenus meurent ou sont blessés chaque année en raison des violences dans le milieu carcéral. Le grand nombre d’armes circulant dans les prisons demeure préoccupant.