Écrire Un prisonnier d’opinion inculpé de nouveaux chefs d’accusation

Ressortissant danois et bahreïnite et prisonnier d’opinion, Abdulhadi Al Khawaja purge une peine de détention à perpétuité pour avoir organisé des manifestations pacifiques durant le soulèvement populaire de 2011 à Bahreïn.

Il va désormais être jugé dans le cadre de procès distincts, pour avoir cassé une chaise en plastique et insulté un policier.

Toutes les inculpations portées à l’encontre d’Abdulhadi Al Khawaja doivent être abandonnées, car ces nouvelles affaires ne font qu’ajouter au caractère inique de son incarcération liée à l’exercice pacifique de ses droits fondamentaux.

Abdulhadi Al Khawaja, 61 ans, est marié et père de quatre filles et grand-père de quatre petits-enfants. Il est le cofondateur du Centre du Golfe pour les droits humains (GCHR) et du Centre bahreïnite pour les droits humains (BCHR), dont il était également le président. Jusque début 2011, Abdulhadi Al Khawaja travaillait en tant que coordinateur de la protection pour la région Afrique du Nord et Moyen-Orient à Frontline Defenders, organisation de défense des droits humains. Il a également participé à une mission d’enquête en Irak en 2003 avec Amnesty International et est membre du International Advisory Network of the Business and Human Rights Resource Centre (réseau consultatif international du Centre de ressources entreprises et droits humains). Défenseur pacifique des droits humains, il a été lauréat de plusieurs prix, notamment le prix Dignity – World without Torture qui lui a été décerné en octobre 2013. Plus récemment, en 2022, il a obtenu le prestigieux prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains.

Le 9 avril 2011, une vingtaine de membres des forces de sécurité armés et masqués ont fait irruption au milieu de la nuit au domicile familial d’Abdulhadi Al Khawaja, à l’ouest de Manama, et l’ont arrêté. Ils l’ont traîné dans les escaliers alors qu’il avait accepté de les suivre tranquillement. Ils l’ont longuement battu et lui ont notamment donné de multiples coups de pied à la tête. Après son arrestation, il a dû subir une importante opération de la mâchoire qui a duré quatre heures. Abdulhadi Al Khawaja a passé une semaine à l’hôpital des Forces de défense de Bahreïn, pendant laquelle des membres des forces de sécurité l’ont menacé d’agression sexuelle et d’exécution, proférant également des menaces à l’égard de sa femme et de ses filles. Tout au long de la semaine, il était menotté et avait les yeux bandés. Son cas a été exposé dans le rapport de la Commission d’enquête indépendante de Bahreïn (BICI) – cas n° 8, p. 438. En raison des tortures et des négligences médicales dont il a fait l’objet, Abdulhadi Al Khawaja souffre de plusieurs complications médicales, notamment de douleurs dorsales extrêmes et d’une déficience visuelle. Les autorités pénitentiaires lui refusent des traitements adaptés, malgré la détérioration de son état de santé. Il a besoin de soins médicaux urgents et de rééducation, notamment pour retirer les plaques et les vis métalliques qui ont servi à rattacher sa mâchoire.

Pendant la pandémie de COVID-19, en janvier 2020, les autorités pénitentiaires ont restreint et annulé les visites familiales pour tous les prisonniers. Celles d’Abdulhadi Al Khawaja ont repris en mai 2022. Les appels téléphoniques sont autorisés une fois par semaine, mais ils sont limités aux cinq mêmes personnes. Auparavant, il pouvait parler à sa famille entre 20 et 25 minutes tous les dimanches, mais ces appels sont souvent réduits pour le punir de son militantisme à l’intérieur de la prison. Le 16 novembre 2021, il a entamé une grève de la faim pour protester contre le fait qu’il n’était pas autorisé à appeler ses filles qui vivent à l’étranger. Il y a mis fin trois jours plus tard lorsque les autorités ont rétabli ces appels.

Abdulhadi Al Khawaja compte parmi 14 militants de l’opposition arrêtés entre le 17 mars et le 9 avril 2011 pendant le soulèvement populaire à Bahreïn. La plupart d’entre eux ont affirmé avoir été torturés au cours des premiers jours de leur détention, alors qu’ils étaient interrogés par des agents de l’Agence nationale de sécurité (ANS). Aucun n’a été autorisé à voir son avocat lors des interrogatoires menés par l’ANS juste après leur arrestation. Certains l’ont vu lors des interrogatoires menés par le procureur militaire avant le procès, tandis que d’autres n’ont pu le voir que lors de la première audience du tribunal en mai 2011. Le 22 juin, le Tribunal de sûreté nationale de Bahreïn, un tribunal militaire, a rendu son verdict et les a condamnés à des peines allant de deux ans à la perpétuité, notamment pour « création de groupes terroristes visant à renverser le régime royal et à modifier la Constitution ».

Le 28 septembre 2011, lors d’une audience qui n’a duré que quelques minutes, la cour d’appel de sûreté nationale, une cour d’appel militaire, a confirmé toutes les déclarations de culpabilité et les peines prononcées contre les 14 opposants. Le 30 avril 2012, la Cour de cassation à Manama leur a ordonné de comparaître devant un tribunal civil pour un procès en appel. La Haute Cour criminelle d’appel a confirmé les déclarations de culpabilité et les peines le 4 septembre 2012 et, le 6 janvier 2013, la Cour de cassation a confirmé le jugement. Quatre de ces 14 hommes ont depuis été libérés.

La Commission d’enquête indépendante de Bahreïn a été créée par décret royal le 29 juin 2011 afin d’enquêter sur les atteintes aux droits humains commises lors des manifestations de mars/février et d’autres violations au cours des mois suivants. Le rapport complet a été publié le 23 novembre 2011 et le roi a engagé publiquement le gouvernement à accepter ses conclusions et à mettre en œuvre ses recommandations.

Lors de sa 63e session en avril/mai 2012, le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire a estimé que la détention de M. Alkhawaja est arbitraire car elle est liée à l’exercice de ses droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.

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