Écrire Un prisonnier soufi torturé doit être libéré

Behnam Mahjoubi, membre de la minorité religieuse des derviches gonabadi, persécutée en Iran, est soumis à des actes de torture et à d’autres mauvais traitements, notamment à une privation de soins médicaux spécialisés.

Cet homme, qui purge une peine de deux ans d’emprisonnement pour avoir participé à une manifestation pacifique, est un prisonnier d’opinion

Behnam Mahjoubi a été arrêté à la suite d’une violente vague de répression des forces de sécurité contre plusieurs centaines de derviches gonabadi, hommes et femmes, qui s’étaient réunis pacifiquement le 19 février 2018. Ce rassemblement pacifique a été organisé devant la résidence de leur chef spirituel Noor Ali Tabandeh, dans un quartier de Téhéran, Golestan-e Haftom, pour protester contre le durcissement de la répression visant leur communauté, empêcher l’éventuelle arrestation de leur guide et appeler à la libération des derviches gonabadi en détention.

Les personnes présentes à cette manifestation ont signalé que des policiers et des bassidjis (miliciens volontaires) en civil avaient recouru à la force, frappant les manifestant.es à coups de matraque, de câble électrique et d’objets pointus, et utilisant des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des balles réelles pour disperser la foule. Plus de 300 hommes et femmes ont été violemment appréhendés.

D’après les personnes présentes, les forces de sécurité ont fait une descente dans un immeuble voisin de cinq étages, dans lequel les manifestant.es s’étaient réfugiés, ont projeté des gaz lacrymogènes dans l’escalier, ont formé un « tunnel » de matraques et ont asséné des coups aux manifestant.es sur le dos, le crâne et le visage tandis qu’ils les traînaient violemment dans les escaliers et les faisaient monter dans des fourgons de police. Sur les photos et les vidéos prises pendant et après ces événements, on peut voir que des manifestant.es présentent des lacérations et d’autres blessures au visage et sur le corps, et ont la tête et d’autres parties du corps bandées.

À la suite de ces événements, plus de 200 derviches gonabadi ont été condamnés à un total de 1 080 années de prison, 5 995 coups de fouet ainsi qu’un « exil » intérieur, des interdictions de voyager et des interdictions de rejoindre des groupes politiques et sociaux. Dans le prononcé du jugement de Behnam Mahjoubi, le ministère public a invoqué comme preuve d’activités criminelles des activités pacifiques protégées par le droit international relatif aux droits humains . Pour justifier sa condamnation, le tribunal a cité des activités telles que sa participation pacifique à la manifestation, ses « aveux » forcés reconnaissant sa participation à ce que l’accusation a qualifié de manifestation « illégale », et son appartenance présumée à des groupes en ligne qui rendent compte des violations des droits humains perpétrées contre des derviches gonabadi.

Depuis son emprisonnement, Behnam Mahjoubi a observé plusieurs grèves de la faim. À la connaissance d’Amnesty International, l’administration pénitentiaire tarde souvent à lui donner les médicaments que sa famille lui apporte à la prison, les retenant pendant plusieurs semaines. Behnam Mahjoubi a entamé sa première grève de la faim le 31 juillet 2020 et y a mis fin trois jours plus tard, les autorités de la prison ayant promis de lui remettre ses médicaments. Il a de nouveau cessé de s’alimenter vers la mi-août pendant 12 jours, par solidarité avec l’avocate spécialiste des droits humains Nasrin Sotoudeh, qui faisait une grève de la faim pour réclamer la libération des prisonniers d’opinion dans le contexte de la propagation du COVID-19 dans les prisons iraniennes.

Auparavant, cette année, les autorités iraniennes avaient libéré à titre provisoire environ 128 000 détenu.es et en avaient gracié 10 000 autres en raison de la pandémie, mais des centaines de prisonniers d’opinion avaient été exclus de ces mesures.

La grève de la faim que Behnam Mahjoubi a observé pendant 12 jours en août 2020 l’a gravement affaibli et il a fini par perdre connaissance en prison. Il a alors été emmené à l’hôpital, mais il a été renvoyé en prison le jour même, alors que les médecins recommandaient une hospitalisation de plusieurs jours, selon des sources bien informées connaissant son dossier. Pendant la dernière semaine de septembre 2020, Behnam Mahjoubi a souffert de convulsions ; sa tête a heurté le sol et il a souffert d’une paralysie temporaire du côté gauche.

Des sources connaissant son dossier ont dit à Amnesty International qu’un médecin du dispensaire de la prison avait fait pression sur lui pour qu’il prenne des somnifères afin de traiter son trouble panique, mais que ceux-ci étaient peut-être incompatibles avec le traitement qu’il suivait et pourraient donc avoir contribué à ses convulsions.

Alors que l’administration pénitentiaire avait promis d’emmener Behnam Mahjoubi dans un hôpital ordinaire pour qu’il y soit examiné à la suite de ses convulsions, elle l’a transféré de force, le 27 septembre 2020, à l’hôpital psychiatrique d’Aminabad, où on lui a injecté des substances chimiques contre son gré. Il a entamé une grève de la faim le 29 septembre 2020 pour protester contre sa détention forcée dans cet établissement. Il a été renvoyé à la prison au bout de six jours d’hospitalisation et a mis un terme à sa grève de la faim le surlendemain.
Après son retour à la prison, sa santé a décliné : le côté gauche de son corps était devenu engourdi, ses jambes étaient enflées et il ne pouvait plus marcher sans assistance. En conséquence, le 29 octobre 2020, il a débuté une nouvelle grève de la faim et, deux jours plus tard, le 31 octobre 2020, l’administration pénitentiaire l’a de nouveau transféré de force à l’hôpital psychiatrique d’Aminabad, tout en faisant croire à sa famille qu’elle l’emmenait dans un hôpital ordinaire.

Selon les informations dont Amnesty International dispose, les médecins de l’hôpital psychiatrique ont menacé Behnam Mahjoubi de le soumettre à des électrochocs s’il refusait de mettre un terme à sa grève de la faim. Il a été renvoyé en prison le 2 novembre 2020 et a recommencé à s’alimenter le lendemain. Sa santé continue à se déteriorer depuis lors.

Les membres de la minorité religieuse des derviches gonabadi font partie du plus grand ordre soufi d’Iran et se considèrent comme des musulmans chiites. Ils estiment que le soufisme n’est ni une religion, ni une secte, mais un mode de vie permettant à toute personne, quelle que soit sa religion, de trouver Dieu.

Les autorités iraniennes les persécutent en raison de leur foi et les soumettent régulièrement à des actes de discrimination et de harcèlement, des arrestations et détentions arbitraires, des peines d’emprisonnement et de flagellation, ainsi qu’à des attaques contre des sites qu’ils considèrent comme sacrés ou importants, notamment des lieux de culte.

Action terminée

Toutes les infos
Toutes les actions

L’avortement est un droit. Parlementaires, changez la loi !

L’avortement est un droit humain et un soin de santé essentiel pour toute personne pouvant être enceinte. Ceci sonne comme une évidence ? Et bien, ce n’est pourtant pas encore une réalité en (…)

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit