Ibragim Yangoulbaïev, détenu âgé de 24 ans, est gravement malade et il a été privé des soins postopératoires indispensables durant sa détention provisoire jusqu’au 28 juillet, date à laquelle il a été hospitalisé. Il doit être autorisé à rester à l’hôpital jusqu’à ce qu’il se soit complètement rétabli.
Le 11 juillet, alors qu’il se trouvait dans un état critique et qu’il souffrait de douleurs abdominales d’une extrême intensité, Ibragim Yangoulbaïev, détenu de 24 ans, a été conduit au tribunal de Zavodskoy à Grozny, en République tchétchène, où l’affaire le concernant était examinée. Une ambulance a été appelée et est arrivée au tribunal, et le diagnostic a été qu’Ibragim Yangoulbaïev souffrait d’une « appendicite aiguë » et qu’il était indispensable qu’il soit hospitalisé immédiatement. Le juge a effectué une démarche en faveur de son hospitalisation, mais les greffiers du tribunal ont refusé d’appliquer cette décision et ont ordonné que le détenu soit renvoyé dans le centre de détention provisoire n° 1 (SIZO), où il était incarcéré pour « incitation à la haine ou à l’inimitié » (article 282 du Code pénal russe) depuis mai 2017.
Quelques heures plus tard, Ibragim Yangoulbaïev a été conduit à l’hôpital, où il a subi une opération en urgence. Les médecins ont déclaré qu’Ibragim Yangoulbaïev serait mort si l’intervention avait été retardée un jour de plus, et qu’il présentait une appendicite gangreneuse avec un abcès, attribuée au fait qu’il n’avait pas reçu de soins médicaux adéquats en temps voulu. Les médecins ont également mis en garde contre le fait qu’Ibragim Yangoulbaïev risquait de subir des complications en raison de la complexité de l’opération qu’il venait de subir. Malgré l’avertissement des médecins, le 20 juillet, Ibragim Yangoulbaïev a été renvoyé dans sa cellule, où on ne lui a pas permis de prendre les antibiotiques qui lui étaient prescrits, d’avoir une perfusion et de respecter un régime alimentaire spécial, alors même que les docteurs avaient souligné qu’ils étaient nécessaires pour que le détenu puisse se rétablir. Il a en outre subi une grave déshydratation car l’eau du robinet n’est pas potable au SIZO, et on ne lui a pas fourni d’eau potable. Les seuls soins dont il a pu bénéficier ont été le changement de ses pansements.
Le 27 juillet, le journal russe indépendant Novaïa Gazeta a fait état du très mauvais état de santé d’Ibragim Yangoulbaïev. Peu après la publication de cet article, la médiatrice russe Tatiana Moskalkova a pris contact avec le directeur des services pénitentiaires de Tchétchénie, et dans la nuit du 28 juillet, Ibragim Yangoulbaïev a été renvoyé à l’hôpital. Tatiana Moskalkova a reçu l’assurance qu’il resterait à l’hôpital jusqu’à son complet rétablissement.
Or, il a été signalé qu’Ibragim Yangoulbaïev s’est entendu dire qu’il y serait maintenu jusqu’au 30 juillet, après quoi il serait renvoyé au SIZO. Au moment où nous écrivions ces lignes, il était toujours hospitalisé. Amnesty International est préoccupée par le fait que le SIZO n’est pas équipé pour fournir à Ibragim Yangoulbaïev les soins indispensables dont il a besoin.
L’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela) dispose que « les détenus qui requièrent des traitements spécialisés [...] doivent être transférés vers des établissements spécialisés ou vers des hôpitaux civils » (paragraphe 27-1).