Soixante-et-un prisonniers ont été menacés et sanctionnés pour avoir dénoncé des violations des droits humains dans le quartier n° 1 de l’unité pénitentiaire 37 de Barker, dans la province de Buenos Aires. Karina Valenti, la défenseure des droits humains ayant signalé ces graves abus, se voit interdire tout accès aux institutions pénales de la province.
Le 28 décembre 2015, 61 prisonniers du quartier n° 1 de l’unité pénitentiaire 37 de Barker, dans la province de Buenos Aires, ont porté plainte à propos de la surpopulation carcérale, de la corruption, de la torture et d’autres formes de mauvais traitements.
Karina Valenti, une défenseure des droits humains qui enseigne en prison, a porté plainte en leur nom en déposant une requête en habeas corpus collective le même jour. Le responsable des services pénitentiaires de la province de Buenos Aires a réagi en interdisant à Karina Valenti de se rendre dans une seule des prisons de la province, privant ainsi de protection des personnes privées de liberté.
Karina Valenti a informé Amnesty International que les détenus risquaient d’être victimes de représailles et d’être transférés dans d’autres unités de manière arbitraire et aveugle, sans être consultés. Il s’agit d’une stratégie souvent employée afin de punir quiconque ose se plaindre. Depuis lors, au moins 20 transferts ont eu lieu et quatre autres ont été empêchés. Selon des informations reçues par la militante, des membres du personnel carcéral maintiennent des prisonniers dans des cellules disciplinaires (connues sous le nom de buzones, [boîtes à lettres]) dans des conditions inhumaines : sans lumière, assistance médicale, ni eau.
Selon la plainte, qui explique le contexte des témoignages de ces détenus, les prisonniers vivent dans des cellules surpeuplées et la nourriture est de mauvaise qualité. Les soins médicaux sont par ailleurs inexistants - des patients souffrant de tuberculose ne reçoivent pas de traitement -, et il n’y a que deux douches, trois toilettes et quatre robinets pour environ 70 détenus. Les personnes se trouvant en détention provisoire et les prisonniers condamnés ne sont pas séparés, et les visiteurs sont fréquemment maltraités. La plainte indique par ailleurs qu’il existe un réseau complexe de corruption et même un dépôt de ferraille au sein de l’établissement.