Le procès de la défenseure iranienne des droits humains et prisonnière d’opinion Narges Mohammadi a débuté le 20 avril. Elle n’a pas été autorisée à entrer en contact avec ses enfants depuis plus de huit mois. Elle est gravement malade.
Lors de l’ouverture de son procès le 20 avril, la défenseure bien connue des droits humains et prisonnière d’opinion Narges Mohammadi a dû répondre à des accusations de « diffusion de propagande contre le régime » et de « rassemblement et collusion en vue de commettre des infractions compromettant la sécurité nationale », qui découlent de ses activités pacifiques en faveur des droits humains. Ses audiences avaient été reportées à plusieurs reprises au cours des derniers mois, sans que le tribunal ne donne aucune explication. Elle est également accusée d’un nouveau chef d’inculpation, pour avoir « insulté des policiers lors de son transfert à l’hôpital », dans une affaire distincte. Cette charge fait suite à son dépôt de plainte quant au traitement dégradant et inhumain que les gardiens lui ont infligé lorsqu’elle a été transférée à l’hôpital pour des examens, notamment leur refus de lui accorder une consultation confidentielle avec ses médecins.
Narges Mohammadi souffre de diverses pathologies, notamment d’une embolie pulmonaire (un caillot de sang dans les poumons) et de troubles neurologiques qui peuvent lui causer des crises et une paralysie partielle temporaire. En octobre 2015, elle a fait plusieurs crises qui ont finalement conduit les autorités à l’hospitaliser. Toutefois, son traitement a été interrompu lorsqu’elle a été ramenée à la prison d’Evin contre l’avis de son médecin, au bout de 17 jours. Elle a été menottée au lit pendant ses premiers jours à l’hôpital. Des agents se trouvaient à l’intérieur de la chambre et devant la porte, pendant tout son séjour, ce qui aurait gêné les médecins pour pratiquer des examens.
Le Bureau du procureur général prive Narges Mohammadi du droit de communiquer avec ses enfants depuis plus de huit mois. Ses jumeaux de huit ans ont dû partir vivre à l’étranger avec leur père, car personne ne pouvait s’occuper d’eux en Iran. En février, elle a écrit une lettre ouverte au responsable du pouvoir judiciaire, déplorant que les autorités se servent de ses enfants pour exercer des pressions sur elle. Elle a déclaré : « La question est très simple : je suis une mère et j’ai le droit d’entendre la voix de mes enfants même si [cette] mère est coupable à vos yeux et aux yeux de l’institution que vous dirigez. »