Bien que le procès oral, prévu le 20 mars, de trois membres de la communauté indigène wichí de Chañaral, poursuivis pour avoir défendu leur territoire, ait été suspendu, la procédure judiciaire qui bafoue leur droit de se défendre et d’accéder à la justice est toujours en cours.
Martín Acosta, Dalmacio Acosta et Demetrio Campos, trois membres de la communauté wichí de Chañaral, qui vit dans la province de Salta (nord de l’Argentine), risquent toujours d’être jugés dans le cadre d’un procès qui ne respecte pas les garanties d’une procédure régulière, pour avoir défendu leur territoire. Les trois militants indigènes font l’objet de poursuites pénales pour menaces et dégradations. Ces procédures ont été engagées contre eux par un propriétaire terrien qui tente d’occuper les terres où leur communauté vit traditionnellement. Cette procédure fait suite à des événements de 2014 : les Wichís s’étaient alors opposés à un groupe de personnes qui avait posé des clôtures sur une partie de leurs terres ancestrales, entravant leur accès aux zones où ils allaient chasser et pêcher ainsi qu’à l’eau et au bois, mettant ainsi en péril leurs moyens de subsistance.
Depuis que les poursuites ont été engagées contre eux et qu’on leur a attribué un avocat commis d’office, ces militants indigènes affirment que celui-ci ne les a jamais contactés ni conseillés sur le plan juridique, ni même informés des charges retenues contre eux alors qu’il en avait connaissance. Par ailleurs, les pièces du dossier n’ont selon eux pas été traduites en langue wichí, ce qui rend leur défense impossible. Ils font donc l’objet de poursuites judiciaires sans disposer de véritable défense et risquent une condamnation pénale pour ces faits.
Leur avocat a demandé au tribunal d’Orán, à Salta, que les poursuites soient abandonnées, car la procédure bafoue le droit des accusés de se défendre. Bien que la Première chambre du tribunal ait ordonné, le 17 mars, la suspension du procès oral prévu le 20 mars, au motif que la défense des accusés ne pouvait pas être assurée, l’abandon de toutes les procédures judiciaires en vue d’assurer l’accès à la justice pour les trois accusés n’a pas encore été prononcé.