Nabeel Rajab est le président du Centre bahreïnite des droits humains. Il a déjà purgé une peine de deux ans à la prison de Jaww pour avoir participé à un « rassemblement illégal », « troublé l’ordre public » et « appelé et pris part à des manifestations » à Manama, la capitale, « sans notification préalable aux autorités » entre janvier et mars 2012. Condamné à trois ans d’emprisonnement le 16 août 2012, il a vu sa peine réduite à deux ans en appel le 11 décembre 2012. Il avait été libéré en mai 2014.
Le 20 janvier 2015, il avait été condamné à six mois d’emprisonnement pour « outrage public aux institutions officielles », au titre de l’article 216 du Code pénal de Bahreïn. Le recours en appel qu’il avait formé avait été rejeté le 14 mai 2015 par la Haute Cour criminelle d’appel. Nabeel Rajab avait été arrêté le 2 avril à son domicile et emmené à la Direction des enquêtes criminelles. Là, il avait été interrogé au sujet de commentaires qu’il aurait publiés ou repris sur Twitter, portant sur la guerre au Yémen et sur des événements survenus à la prison de Jaww à la suite d’une mutinerie ayant éclaté le 10 mars. Peu après son arrestation, le ministère de l’Intérieur avait déclaré que Nabeel Rajab avait été appréhendé pour avoir publié « un message pouvant provoquer la population et troubler l’ordre public », et « critiqué un organe officiel ». Il avait été inculpé aux termes des articles 216 et 133 du Code pénal de Bahreïn et son ordre de détention avait été renouvelé plusieurs fois par le ministère public jusqu’au 14 mai 2015, date à laquelle il avait reçu l’ordre de purger sa peine de six mois de prison. Nabeel Rajab avait été libéré dans la soirée du 13 juillet après avoir bénéficié d’une grâce royale pour raisons médicales.
Le 13 juin 2016, Nabeel Rajab a été de nouveau arrêté chez lui dans le village de Bani Jamra, à l’ouest de Manama, la capitale, par 15 policiers en civil, après que le quartier a été bouclé par la police antiémeute à environ cinq heures du matin. Ils lui ont présenté un mandat permettant la perquisition de son domicile, son arrestation et son transfert à la Direction des enquêtes criminelles (CID), sans lui donner aucune explication. Son téléphone et son ordinateur ont été confisqués et il a été conduit au poste de police de Riffa Est, au sud de Manama, où il a été autorisé à appeler sa famille. Le 14 juin, Nabeel Rajab a été déféré au bureau du procureur général où il a été inculpé, en la présence de ses avocats, de « diffusion de fausses informations et de rumeurs dans le but de discréditer l’État ».
Il a été placé en détention pour sept jours, dans l’attente d’une enquête. Lorsque ses proches lui ont rendu visite à environ 21 heures, il leur a indiqué qu’il était détenu à l’isolement, alors que les autres détenus du poste de police se trouvaient dans des cellules partagées. Le 21 juin, la détention de Nabeel Rajab a été prolongée de huit jours et ses avocats ont adressé une lettre au ministère public, demandant qu’il soit transféré dans un établissement pénitentiaire disposant de meilleures installations médicales et qu’il ne soit pas détenu à l’isolement.
Les autorités bahreïnites ont intensifié la répression des droits à la liberté d’expression, d’association et de circulation. Le 12 juin 2016, un groupe de cinq militants, parmi lesquels un ancien prisonnier d’opinion, a été empêché de quitter le pays pour assister à la 32e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève. Les activités du principal groupe d’opposition, la Société islamique nationale Al Wefaq, ont été suspendues le 14 juin et le chef spirituel du groupe, l’Ayatollah Issa Qassim, a été déchu de sa nationalité le 20 juin.