Un tribunal du Caire a repoussé le procès du photographe de presse Mahmoud Abu Zeid, plus connu sous le nom de Shawkan, au 1er novembre. Cet homme est un prisonnier d’opinion et il risque la peine de mort pour neuf chefs d’accusation forgés de toutes pièces, s’il est déclaré coupable.
Le 8 octobre, le tribunal pénal du Caire a repoussé au 1er novembre le procès du photographe de presse Mahmoud Abu Zeid et de 738 autres accusés, mais il a remis en liberté Hosny Ali, un accusé atteint d’un cancer. L’un des avocats de Mahmoud Abu Zeid a dit à Amnesty International que le procès a été ajourné à des fins d’examen d’autres photos et vidéos qui sont censées présenter des éléments de preuve à l’appui des accusations retenues contre les accusés.
Mahmoud Abu Zeid a été arrêté le 14 août 2013 alors qu’il prenait des photos de la dispersion violente par les forces de sécurité du sit-in de Rabaa al Adaweya, au Caire. Les médias égyptiens appellent ce cas l’affaire de la « dispersion du sit-in de Rabaa ». Lors de l’audience du 8 octobre, le parquet a présenté plusieurs CD contenant des images et des vidéos censées incriminer les accusés. Or, les avocats de la défense ont objecté que le contenu du CD concernait des événements antérieurs à la dispersion du sit-in de Rabaa al Adaweya, tels que la « Révolution du 25 janvier » de 2011. L’accusation a répondu que les éléments de preuve étaient fournis par l’Agence nationale de sécurité, sans en dire plus. Depuis début 2015, l’Agence nationale de sécurité apparaît comme étant le principal organe de l’État chargé de réprimer ceux qui s’opposent au gouvernement, et elle commet en toute impunité des actes de torture et d’autres graves violations des droits humains.
La détention de Shawkan dépasse largement la limite de deux ans d’incarcération prévue par l’article 143 du Code de procédure pénale égyptien pour les personnes encourant la prison à perpétuité ou la peine de mort. La loi dispose que ces personnes doivent être condamnées dans un délai de deux ans ou libérées immédiatement. Les demandes de libération déposées par ses avocats n’ont jusque-là pas abouti. Il est actuellement détenu au centre pénitentiaire de Tora, au Caire, et a été transféré le 19 octobre de la prison d’Istiqbal à Tahqiq. On ignore les raisons de ce transfert.
Mahmoud Abu Zeid est jugé dans le cadre d’un procès collectif en même temps que 738 autres accusés, parmi lesquels figurent des dirigeants du mouvement Frères musulmans. Il fait l’objet de neuf chefs d’accusation forgés de toutes pièces, et est notamment poursuivi pour « participation à une bande criminelle » et « meurtre ». Il a nié toutes les charges retenues contre lui. Mahmoud Abu Zeid ne reçoit que de façon sporadique des médicaments pour son hépatite C.