Écrire Quatre défenseurs des droits humains portés disparus

Depuis début janvier, les militants Salman Haider, Waqas Goraya, Asim Saeed et Ahmed Raza Naseer sont portés disparus au Pakistan. Il est probable qu’ils aient été victimes d’une disparition forcée aux mains des forces de sécurité de l’État. Ces quatre hommes sont connus pour leur militantisme sur les réseaux sociaux et pour exprimer leur opinion sur les questions liées aux droits humains et les politiques publiques. Une enquête sur l’une de ces disparitions a été ordonnée par le ministère de l’Intérieur, mais ni le sort des militants, ni le lieu où ils se trouvent n’ont été révélés pour le moment.

Les militants Salman Haider, Waqas Goraya, Asim Saeed et Ahmed Raza Naseer sont portés disparus au Pakistan depuis le début du mois de janvier. Tous étaient très actifs sur les réseaux sociaux et s’exprimaient ouvertement au sujet des questions liées aux droits humains et des politiques publiques.
Le 6 janvier, Salman Haider, défenseur des droits humains de premier plan, écrivain et enseignant à l’université Fatima Jinnah, a disparu du quartier de Bani Gala à Islamabad, la capitale du Pakistan. Il est connu pour ses poèmes en ourdou abordant divers sujets, dont les disparitions forcées dans la province pakistanaise du Baloutchistan. Selon ses proches, il a quitté son domicile, situé dans le secteur de Korang Town à Islamabad, le 6 janvier et devait rentrer chez lui le soir même à 20 h 30. Vers 22 h 30, il a envoyé un SMS à son épouse en lui demandant d’aller chercher sa voiture à Korang Town Chowk, près de la voie rapide d’Islamabad. Le véhicule a été retrouvé par sa famille, mais Salman Haider est porté disparu depuis lors. D’après certaines informations parues dans les médias, l’enquête ordonnée par le ministère de l’Intérieur a révélé que des enregistrements de caméras situées à proximité montrent deux véhicules et cinq personnes emmenant Salman Haider. Aucun témoin ne semble avoir assisté à son enlèvement.

Selon des contacts locaux d’Amnesty International, deux autres militants, Waqas Goraya, qui vit habituellement en Hollande, et Asim Saeed, qui venait de rentrer de Singapour, ont disparu le 4 janvier de Lahore, la capitale de la province pakistanaise du Pendjab. Tous deux participent à l’alimentation d’une page Facebook intitulée « Mochi », qui critique l’armée pakistanaise. Le militant Ahmed Raza Naseerwent a disparu du magasin de sa famille à Nanakana Sahib, une autre ville du Pendjab, le 7 janvier.

Des cas de détention arbitraire, de harcèlement et d’intimidation de défenseurs des droits humains, de journalistes et de militants politiques sont régulièrement signalés au Pakistan, notamment dans la province du Baloutchistan et, dernièrement, à Karachi, où les Rangers se sont vu attribuer en vertu de la Loi antiterroriste des pouvoirs étendus en matière d’usage de la force, de descentes de police et d’arrestations dans le cadre de la lutte contre le « terrorisme ». Cependant, la disparition de ces quatre militants – l’un originaire de la capitale, les autres de la province du Pendjab – constitue un événement nouveau et extrêmement inquiétant, car il indique que la répression s’étend à la critique des politiques publiques sur Internet et à l’expression d’opinions sur la situation des droits humains.

Wahid Baloch, défenseur des droits humains et militant baloutche, a été soumis à une disparition forcée par les forces de sécurité de l’État après avoir été enlevé près de Karachi le 26 juillet 2016. Il n’a retrouvé ses proches qu’au bout de plus de quatre mois. Ceux-ci ont déclaré qu’il avait été déposé à Malir, à 30 kilomètres à l’est de Karachi, le matin du lundi 5 décembre, et qu’il avait ensuite pu prendre un taxi pour rentrer chez lui, à Lyari. Wahid Baloch a choisi de ne pas parler de son enlèvement au journal télévisé, mais il a remercié les groupes de défense des droits humains pour leur travail de campagne en son nom. Auparavant, le défenseur des droits humains Saeed Baloch a été arrêté à Karachi le 16 janvier 2016 par des membres des Rangers, force de police paramilitaire du Pakistan. À la suite de la pression nationale et internationale, il a été présenté devant un juge le 26 janvier. Les Rangers ont prétendu qu’il n’avait été arrêté que le 25 janvier. Il a été placé en détention préventive pour trois mois en vertu de la Loi antiterroriste, avant d’être finalement libéré sous caution le 3 août.

Aux termes du droit international, le droit à la vie et le droit de ne pas être soumis à la torture ni à d’autres formes de mauvais traitements sont intangibles, et s’appliquent en toutes circonstances. Le Pakistan est tenu de respecter et de protéger ces droits au titre de plusieurs traités relatifs aux droits humains, en particulier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. En outre, l’interdiction des disparitions forcées est une règle du droit international coutumier qui s’applique à tous les États et la disparition forcée constitue un crime de droit international. L’article 2 de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’homme dispose que chaque État a le devoir d’instaurer les conditions voulues pour défendre les droits fondamentaux dans sa juridiction. Cependant, au Pakistan, des défenseurs des droits humains continuent d’être arrêtés, détenus, torturés et incarcérés, uniquement en raison de leurs activités pacifiques. Ils sont également exposés à des actes d’intimidation et de harcèlement. Amnesty International appelle le gouvernement pakistanais à garantir un environnement dans lequel il est possible de défendre les droits fondamentaux et d’exprimer pacifiquement ses opinions politiques, sans crainte de représailles ni d’intimidation.

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