Écrire Un réalisateur arrêté pour un film sur les manifestations

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Vous pouvez aussi personnaliser votre courrier avant de l’envoyer, cela augmentera la probabilité qu’il parvienne aux destinataires. Veillez à ce que votre courrier soit respectueux et persuasif - n’utilisez pas de langage haineux. Expliquez que vous suivrez de près cette campagne et que vous en parlerez à d’autres personnes.

Pour que nous puissions faire un suivi des actions, merci de mettre action@amnesty.be en copie cachée (Cci) de votre mail.

Chen Pinlin est le réalisateur du documentaire Urumqi Middle Road (乌鲁木齐中路), dans lequel figurent des scènes du mouvement national des « feuilles blanches », une série de manifestations pacifiques contre les confinements qui se sont succédés pendant trois ans dans le cadre de la politique « zéro-COVID » du gouvernement ainsi que contre le climat de censure et de surveillance en Chine.

Chen Pinlin a mis son film en ligne à l’occasion du premier anniversaire de ce mouvement. Arrêté le 5 janvier 2024, il est actuellement détenu au centre de détention du district de Baoshan, à Shanghai, pour « avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ».

Il risque une peine de cinq ans d’emprisonnement.

Durant le mouvement des « feuilles blanches », Chen Pinlin et ses amis ont filmé de nombreuses séquences à Urumqi Middle Road, lieu d’une grande manifestation à Shanghai. Aux alentours du premier anniversaire de ce mouvement, en novembre 2023, Chen Pinlin a finalisé et diffusé sur Internet son documentaire issu de ces captations, intitulé Urumqi Middle Road – Not the Foreign Force.

À la fin de ce film, il a laissé le commentaire suivant :
Certains demandent : à quoi cela sert-il de manifester dans la rue ? À la fin, c’est toujours pareil, les manifestations sont réprimées, dispersées et mal interprétées. Cependant, comme disait Churchill : « Le courage est la première des qualités humaines, car c’est la qualité qui garantit toutes les autres qualités. » Nous avons manqué d’expérience, nous avons été lâches et tremblants, mais aujourd’hui nous avons le courage de résister et de nous exprimer. Nous en avons manqué cette fois, mais nous pouvons faire mieux la prochaine fois. Si nous devions le refaire, je choisirais toujours d’être là. Car un gouvernement qui a peur même d’une feuille blanche ne peut pas écraser la justice dans le cœur des gens. »

Fin novembre 2023, Chen Pinlin a été arrêté par les autorités chinoises pour « avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ». Le 5 janvier 2024, il a été officiellement placé en détention pour le même chef d’accusation. Il est actuellement détenu au centre de détention du district de Baoshan, à Shanghai. Le 18 février, son dossier a été transféré au parquet en vue d’engager des poursuites.

Il s’agit du deuxième cas d’arrestation faisant suite à la diffusion d’informations concernant le mouvement des « feuilles blanches » sur lequel Amnesty International a pu recueillir des informations. La première était celle d’une étudiante ouïghoure, Kamile Wayit ; des informations au sujet de son cas sont disponibles ici. Amnesty International estime que ces deux cas ne sont que la partie émergée de l’iceberg et que beaucoup d’autres informations faisant état de détentions, d’arrestations ou de disparitions forcées liées aux manifestations de novembre 2022 pourraient être crédibles. En raison de la réponse rapide et sévère des autorités, cependant, le nombre réel de cas liés au mouvement des « feuilles blanches » est probablement impossible à déterminer.

Amnesty International a relevé des cas de torture et d’autres mauvais traitements dans des lieux de détention en Chine au moins depuis 2015, notamment dans son rapport intitulé No end in sight – Torture and forced confessions in China et, plus récemment, dans son rapport annuel 2023.

À propos du mouvement des « feuilles blanches » ou des « manifestations A4 » en Chine
Jeudi 24 novembre 2022, un incendie s’est déclaré dans un immeuble d’habitation à Ürümqi, faisant au moins 10 morts selon des sources officielles. Beaucoup ont attribué ce drame aux restrictions liées à la pandémie de COVID-19, mais les autorités locales ont contesté cette affirmation. Cela n’a pas empêché des manifestations d’éclater à Ürümqi, capitale de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine. À la suite de l’incendie, le gouvernement a déclaré que la vague de COVID-19 était sous contrôle et que la ville assouplirait les mesures de confinement, après plus de 100 jours de restrictions draconiennes des déplacements de la population.

Le 25 novembre 2022, un étudiant de l’Université des médias de Nanjing aurait manifesté sur le campus en brandissant une feuille de papier blanc, avant d’être rejoint par d’autres étudiant·e·s. Cette action s’est rapidement propagée à travers la Chine ; des vidéos partagées sur les réseaux sociaux ont montré des manifestations démarrer dans plusieurs universités et villes du pays, notamment à Pékin, Guangzhou (Canton), Shanghai et Wuhan.

Des manifestant·e·s pacifiques ont rendu hommage aux victimes de l’incendie d’Ürümqi et demandé l’assouplissement des mesures de confinement. De nombreuses voix se sont également élevées contre la censure et certaines ont même demandé que le président Xi Jinping quitte ses fonctions. Beaucoup de personnes ont été arrêtées pour avoir participé à ces manifestations pacifiques. On ignore combien, et si certaines demeurent détenues aujourd’hui, presque 18 mois après. Des vidéos diffusées en ligne ont montré des policiers en train de frapper des manifestant·e·s lors d’arrestations.

Le mouvement des « feuilles blanches » s’est par ailleurs distingué par sa nature internationale, car des étudiant·e·s chinois vivant à l’étranger ont manifesté leur solidarité avec leurs pair·e·s en Chine. À l’occasion du premier anniversaire de ce mouvement, Amnesty International a partagé les récits de six manifestant·e·s qui ont expliqué comment leur participation à ce mouvement avait changé leur vie.

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