Alfred Taban, éminent journaliste et rédacteur en chef du quotidien en langue anglaise Juba Monitor, a été libéré sous caution le 29 juillet et admis immédiatement à l’hôpital universitaire de Djouba. Il a pu quitter l’hôpital le 30 juillet et regagner son domicile. La date de son procès n’a pas été décidée.
Alfred Taban, qui se trouvait aux mains de la police, a été libéré sous caution à Djouba le 29 juillet. Il était détenu depuis le 22 juillet. Immédiatement après sa libération, il a été admis à l’hôpital universitaire de Djouba car son état de santé s’était dégradé depuis son placement en détention. Il a pu quitter l’hôpital le 30 juillet et regagner son domicile.
Il a été inculpé le 25 juillet de « publication ou transmission de fausses déclarations portant préjudice au Soudan du Sud » et « offense au président ou atteinte à son autorité », au titre des articles 75 et 76 du Code pénal sud-soudanais. La date de son procès n’a pas été décidée.
Amnesty International est convaincue qu’Alfred Taban a été inculpé uniquement pour avoir exercé, pourtant pacifiquement, son droit à la liberté d’expression.
Écrire Un rédacteur en chef libéré sous caution, dans l’attente de son procès
Au Soudan du Sud, les journalistes travaillent dans des conditions extrêmement précaires et sont régulièrement la cible d’actes d’intimidation ou de harcèlement, de détentions arbitraires, de mauvais traitements, d’actes de torture, voire, parfois, d’homicides illégaux. À plusieurs reprises, le Service national de la sûreté (NSS) a obligé des journaux à cesser leurs activités et saisi tous les exemplaires d’une édition. Ces pratiques abusives, en augmentation depuis le début du conflit qui a éclaté à la mi-décembre 2013, ont gravement porté atteinte au droit à la liberté d’expression et réduit l’espace civique dans le pays.
Le 23 juillet 2016, le NSS aurait arrêté Michael Christopher, un journaliste qui travaille pour le quotidien Al Watan Arabic, après la publication d’un article sur le déploiement de troupes régionales au Soudan du Sud. Le journaliste John Gatluak Manguet a été, semble-t-il, assassiné le 11 juillet 2016 à Djouba par des hommes armés alors que les forces partisanes du président Salva Kiir affrontaient les éléments fidèles à Riek Machar dans toute la ville. Le reporter Peter Julius Moi avait été abattu lui aussi dans la capitale le 19 août 2015, quelques jours seulement après que Salva Kiir avait menacé dans une déclaration de tuer tous les journalistes considérés comme hostiles au régime. Le ministère de l’Information et le porte-parole de la présidence ont affirmé par la suite que la citation avait été sortie du contexte. George Livio, journaliste à Radio Miraya, est détenu sans inculpation ni jugement par le NSS depuis août 2014 ; il était accusé de collaboration avec les rebelles.
Un projet de loi adopté en octobre 2014 par l’Assemblée législative sud-soudanaise a conféré au NSS de vastes pouvoirs en matière d’arrestation, de détention et de saisie, en l’absence de garanties satisfaisantes contre les abus. Ce texte ne précise pas les lieux de détention reconnus ni ne garantit les droits élémentaires à une procédure régulière, notamment le droit de consulter un avocat ou celui d’être jugé dans un délai raisonnable, pourtant énoncés dans la Constitution de transition. En mars 2015, le ministre de la Justice a annoncé que ce projet de loi, adopté par l’Assemblée législative le 8 octobre 2014, avait désormais force de loi, et ce en dépit du fait que le texte avait suscité une opposition aux niveaux national et international, qu’il n’avait pas été signé par le président, et était inconstitutionnel.
Amnesty International a recommandé à maintes reprises que les pouvoirs du NSS soient limités à la collecte de renseignements, comme prévu par la Constitution provisoire de 2011, qui le charge de « se concentrer sur le recueil et l’analyse d’informations, et sur les activités de conseil des autorités concernées ». Les pouvoirs en matière d’arrestation, de placement en détention, de perquisition, de saisie de biens et de recours à la force doivent être explicitement exclus des compétences du NSS, et exercés par les organes chargés de l’application des lois compétents.
Nom : Alfred Taban
Homme
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