Le système de retraite argentin est un système contributif, c’est-à-dire qu’il est financé par les cotisations des personnes actives, et est conçu pour garantir les revenus des personnes âgées, y compris celles qui n’ont pas pratiqué d’activité ou qui ont été employées dans le secteur informel, sur la base des principes de redistribution et de protection sociale. Son objectif est de garantir un revenu minimum, l’État assumant un rôle redistributif et palliatif pour ceux qui ne peuvent pas garantir leur propre bien-être lorsqu’ils ne sont plus actifs.
L’Argentine débourse un pourcentage de plus en plus faible de son PIB pour financer les retraites. Selon les chiffres officiels, le pourcentage du PIB alloué à la sécurité sociale a diminué de près de 3 % au cours de la dernière décennie. En 2022 et 2023, les dépenses consacrées aux retraites représentaient 7,6 % du PIB. Aujourd’hui, cette part est de 6,5 %, soit plus d’un point de pourcentage de moins que les années précédentes. Dans un contexte de grave crise économique, où les taux de pauvreté et d’indigence ont augmenté de manière inquiétante, il est essentiel de réfléchir à un système de retraite durable qui garantisse aux personnes âgées un revenu leur permettant de vivre dans la dignité.
La baisse du montant des retraites a été l’une des principales sources d’ajustement budgétaire. Selon les données officielles, au cours des sept premiers mois de l’année, les montants réservés aux pensions de retraite ont diminué d’au moins 25,8 % en termes réels par rapport à l’année précédente. La baisse des retraites a été l’un des principaux ajustements budgétaires décidés par le gouvernement actuel. Selon l’Institut argentin d’analyse budgétaire, la réduction totale des dépenses primaires de l’administration publique nationale au cours des deux premiers mois de 2024 (3 869 000 millions de pesos argentins) s’est élevée à 43 % (1 682 000 millions de pesos argentins), ce qui s’explique par la réduction des dépenses liées aux retraites, qui s’élevait à 33 % par rapport aux deux premiers mois de 2023.
Aujourd’hui, une retraite minimum n’est pas suffisante pour surmonter le taux de pauvreté. En juin, près de 3 millions de retraité·e·s ont reçu moins de 270 dollars des États-Unis, tandis que le coût total des biens et services essentiels était fixé à 280 dollars des États-Unis.
Le 22 août, le Sénat a approuvé la proposition de loi sur la réforme des retraites. Ce texte prévoit l’indexation des retraites sur le taux d’inflation chaque mois, avec une compensation supplémentaire de 8,1 % pour la perte de pouvoir d’achat en janvier 2024, et garantit que les plus petites retraites couvriront le coût total des biens et services essentiels. Cette réforme implique un coût budgétaire supplémentaire de 0,43 % du PIB. Il s’agit d’une étape importante vers l’amélioration des revenus des retraités argentins.
Le 2 septembre, le président Javier Milei a opposé son veto à cette loi, au motif du maintien de l’équilibre budgétaire. Le veto est le pouvoir accordé par la Constitution nationale à l’exécutif pour empêcher la promulgation d’une proposition de loi qui a déjà été approuvée par les deux Chambres du Congrès de la Nation. En vertu de la Constitution, le Congrès national peut réclamer l’adoption d’une loi à laquelle le président a opposé son veto, avec un vote des deux tiers de ses membres. En d’autres termes, une majorité des deux tiers dans chacune des chambres du Congrès de la nation est requise pour rendre le veto inefficace. La Constitution ne fixe pas de délai pour l’annulation du veto.
Ces changements concernant les retraites sont proposés dans un contexte où l’Argentine a emprunté au FMI, en souscrivant le plus grand prêt jamais accordé par cette institution financière internationale. Le FMI a inclus parmi ses conditions la nécessité pour l’Argentine d’atteindre un « déficit zéro ». Depuis l’investiture du nouveau gouvernement, cet objectif s’est traduit par l’adoption de mesures fortes en matière d’ajustement fiscal et d’austérité.
Les personnes âgées doivent pouvoir accéder à des biens et services de base pour mener une vie digne. L’État a par conséquent une obligation de progrès et de non-régression, et doit utiliser le maximum de ressources disponibles pour garantir les droits humains. Dans ce cadre, toute réforme réglementaire doit impliquer une amélioration de la situation des personnes âgées.