Écrire La répression de la dissidence continue pendant la pandémie de covid-19

Les militants Gautam Navlakha et Anand Teltumbde ont été arrêtés par l’Agence nationale d’investigation le 14 avril 2020, puis inculpés en vertu de diverses dispositions du Code pénal indien, ainsi que de la Loi relative à la prévention des activités illégales, en raison de leur implication présumée dans les émeutes de Bhima Koregaon, survenues en 2018.

Ces arrestations semblent motivées par des considérations politiques et sont liées à une campagne de répression de grande ampleur menée contre des défenseur·e·s des droits humains en 2018, dans le contexte de laquelle neuf autres militant·e·s ont été arrêtés pour cette même affaire.

Anand Teltumbde et Gautam Navlakha ont été inculpés pour leur implication présumée dans les émeutes de Bhima Koregaon en 2018, en vertu de diverses dispositions du Code pénal indien, ainsi que de la Loi relative à la prévention des activités illégales. Leur procès doit désormais se dérouler devant un tribunal d’exception de l’Agence nationale d’investigation. Si cela débouche rarement sur une condamnation, la Loi relative à la prévention des activités illégales est régulièrement invoquée contre des personnes ayant simplement exprimé des opinions dissidentes, souvent en l’absence d’éléments prouvant qu’elles ont incité ou recouru à la violence, ou assisté des organisations interdites, et cela a donné lieu à des détentions prolongées avant ou pendant leur procès.

La Loi relative à la prévention des activités illégales est souvent détournée pour placer en détention des personnes qui ne font qu’exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression et d’association. Certaines dispositions de ladite Loi sont contraires aux normes internationales relatives aux droits humains et sont susceptibles de conduire à des violations de ces droits.

Après l’arrestation de Sudha Bharadwaj, Shoma Sen, Surendra Gadling, Mahesh Raut, Arun Ferreira, Sudhir Dhawale, Rona Wilson, Vernon Gonsalves et Varavara Rao, en 2018, une campagne de dénigrement a été lancée contre ces militant·e·s. Le gouvernement affirme qu’ils sont hostiles à la nation et travaillent contre les intérêts du pays. L’opinion des populations auprès desquelles ces militant·e·s œuvrent est cependant tout à fait différente. Ces personnes les saluent pour leur courage et pour leur engagement en faveur des groupes les plus pauvres et marginalisés du pays, comme les dalits et les adivasis.

Le 25 janvier 2020, l’Agence nationale d’investigation a repris les rênes des enquêtes relatives à l’affaire de Bhima Koregaon, confiées jusqu’alors à la police de l’État du Maharashtra. Cela s’est produit après que le nouveau gouvernement de l’État du Maharashtra a soulevé quelques questions au sujet des enquêtes menées par la police, et demandé que plusieurs policiers soient interrogés sur la conduite de celle-ci. Nombreux sont celles et ceux qui considèrent que le transfert du dossier à l’Agence nationale d’investigation est lié à la campagne de répression actuellement menée par le gouvernement de Narendra Modi contre les défenseur·e·s des droits humains dans le pays.

Des centaines de dalits s’étaient rassemblés le 1er janvier à Bhima Koregaon, dans le Maharashtra, pour commémorer une bataille au cours de laquelle des soldats dalits de l’armée britannique, 200 ans plus tôt, avaient défait le peshwa (Premier ministre) au pouvoir. Des groupes nationalistes hindous et des sympathisants présumés du Parti du peuple indien Bharatiya Janata, le parti au pouvoir, se sont opposés à cet événement, le qualifiant d’anti-national en affirmant qu’il célébrait une victoire coloniale Les organisateurs du rassemblement dalit ont déclaré vouloir lutter contre l’idéologie omniprésente en Inde qui débouche sur des agressions contre dalits et musulmans.

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