Immédiatement après que Jiang Tianyong, avocat spécialisé dans la défense des droits humains, a été libéré de prison le 28 février 2019, son père, sa sœur et lui-même ont été emmenés contre leur gré. S’ils ont depuis lors pu rentrer au domicile familial, Jiang Tianyong continue à faire l’objet d’une surveillance étroite et de filatures constantes, sans avoir la possibilité de choisir son emploi. Jiang Tianyong a déjà purgé une peine de deux ans d’emprisonnement pour « incitation à la subversion ». Amnesty International le considérait comme un prisonnier d’opinion, qui n’aurait jamais dû être arrêté pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression.
Écrire Des restrictions sont imposées à un avocat défenseur des droits humains remis en liberté
Selon Jin Bianling, l’épouse de Jiang Tianyong, ce dernier est en mauvaise santé depuis sa sortie de prison. Ses yeux larmoient très souvent lors de leurs chats vidéo. Il a expliqué que la lumière du soleil était trop forte désormais car il n’y avait aucune lumière naturelle en prison. Selon Wang Qiaoling, une amie de Jiang Tianyong, il a dit qu’il ne pouvait pas s’asseoir normalement parce que sa colonne vertébrale avait été « abîmée » par des responsables de l’administration pénitentiaire, mais qu’il ne se souvenait pas de l’équipement sur lequel il avait été forcé à s’asseoir en prison, parce qu’il présente d’importantes pertes de mémoire.
Jiang Tianyong a été reconnu coupable d’« incitation à la subversion de l’État » par le tribunal populaire intermédiaire de la ville de Changsha le 21 novembre 2017. Il a été condamné à deux ans d’emprisonnement et à trois ans de privation de ses droits politiques. En prison, son état de santé s’est rapidement détérioré. Jiang Tianyong a déclaré qu’on lui faisait prendre de force des médicaments inconnus deux fois par jour, et son père l’a vu avec les mains et les pieds attachés à une chaise en acier.
Jiang Tianyong a disparu le 21 novembre 2016 alors qu’il rentrait à Pékin. La première audience de son procès a eu lieu devant le tribunal intermédiaire de la ville de Changsha le 22 août 2017. Lors de cette audience, il a reconnu l’accusation d’« incitation à la subversion de l’État ». Lors du procès, il s’est également « excusé » d’avoir été à l’origine de rumeurs de torture par la police chinoise et d’avoir participé à des ateliers à l’étranger pour débattre d’un changement du système politique chinois. D’après Jiang Tianyong, lors de l’audience du 21 novembre 2017, il a plaidé coupable et décidé de ne pas faire appel, les autorités ayant promis de le libérer en août 2018 s’il suivait cette ligne de défense.
Jiang Tianyong est intervenu dans plusieurs affaires très médiatisées et a soutenu d’autres défenseurs des droits humains, dont l’avocat spécialiste des droits humains Gao Zhisheng, qui a été emprisonné et constamment harcelé en raison de ses activités en faveur des droits humains, et le militant juridique aveugle Chen Guangcheng, qui a dénoncé des pratiques d’avortement forcé imposées par les autorités locales à des habitantes du village de Dongshigu (ville-préfecture de Linyi, province du Shandong). Avant son incarcération la plus récente, Jiang Tianyong avait été détenu en mars 2014, après être allé enquêter avec trois autres avocats dans une « prison noire » (c’est-à-dire un lieu de détention non officiel) à Jiansanjiang (province de Heilongjiang), où se trouvaient, semble-t-il, des adeptes du Fa Lun Gong.
À la suite de la vague de répression sans précédent lancée par le gouvernement contre les avocats spécialistes des droits humains et d’autres militants, quelque 250 avocat·e·s et militant·e·s ont été interrogés ou placés en détention par des agents chargés de la sûreté de l’État depuis le 9 juillet 2015. Des descentes ont également été effectuées dans les bureaux et au domicile d’un grand nombre de ces personnes, et certains de leurs proches ont aussi fait l’objet d’une surveillance policière, ont subi des actes de harcèlement et ont vu leur droit de circuler librement soumis à des restrictions.
Action terminée