Ahmed Mahloof doit répondre d’accusations de « terrorisme » et d’« entrave à l’action de la police » pour avoir pris part à des manifestations pacifiques - ainsi que d’accusations de « fausses informations » pour deux tweets concernant la police. S’il est déclaré coupable de ces charges forgées de toutes pièces et motivées par des considérations politiques, cet homme politique maldivien encourt jusqu’à 20 ans de prison.
Ahmed Mahloof, une ancienne star du football s’étant tournée vers la politique et ayant quitté le parti au pouvoir avant de devenir l’un de ses opposants les plus ardents, a été arrêté le 22 février 2018 pour avoir distribué des masques à gaz lors d’une manifestation pacifique où des policiers ont utilisé du gaz lacrymogène et du gaz poivre ; il a ensuite été accusé d’« entrave à l’action de la police » - une infraction passible d’une peine de six mois de prison minimum. Après que l’Action mondiale des parlementaires, un réseau international associatif de députés engagés, a condamné son placement en détention, l’estimant abusif et motivé par des considérations politiques, Ahmed Mahloof a pu quitter la prison et a été placé en résidence surveillée le 4 avril.
Outre l’accusation d’« entrave à l’action de la police », Ahmed Mahloof devait répondre de trois autres charges devant la justice le 13 mai 2018. La première est en relation avec son rôle dans le cadre d’une manifestation pacifique ; il lui est reproché d’avoir « dirigé un groupe de personnes », dont certains membres sont entrés dans la prison devant laquelle ils manifestaient le 3 février 2018, en réaction à des mesures de répression contre des manifestations de l’opposition et à des arrestations arbitraires. Des témoins oculaires ont déclaré qu’Ahmed Mahloof avait participé à l’action de protestation pacifique et qu’il ne faisait pas partie des personnes qui ont tenté de pénétrer à l’intérieur de la prison. Il a dans un premier temps été accusé d’« entrave à l’action de la police », puis les faits ont été requalifiés en « terrorisme », une infraction passible d’une peine de 17 ans de prison minimum.
Les autres charges de « dissémination de fausses informations » sont en relation avec deux tweets distincts, chacun passible d’une peine de six mois de prison, publiés par Ahmed Mahloof. Le premier, datant du 3 décembre 2017, taggait le compte twitter officiel de la police des Maldives afin de demander une réaction à l’information selon laquelle l’ancien chef adjoint de la police de l’archipel avait été limogé pour avoir refusé d’empoisonner l’ancien vice-président Ahmed Adeeb. Le second tweet, datant du 20 janvier 2018, affirmait que 11 personnes étaient mortes en garde à vue au cours des 18 mois précédents, du fait de « négligences criminelles ».
Les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ont été battus en brèche ces dernières années aux Maldives, particulièrement depuis la décision du gouvernement d’imposer l’état d’urgence en février 2018. Amnesty International considère Ahmed Mahloof comme un prisonnier d’opinion et demande sa libération immédiate et sans condition.