Écrire Risque de déplacements forcés dans le Choco

Aulio Isarama Forastero, gouverneur indigène de la réserve de Catru Dubaza Ancoso, dans la municipalité d’Alto Baudó (département du Chocó), a été tué par des hommes armés, manifestement des membres de l’Armée de libération nationale (Ejército De Liberación Nacional, ELN). À la suite de cette violence, la communauté risque d’être déplacée de force.

La Table ronde de consultation et de dialogue des peuples indigènes du Chocó a rapporté l’homicide d’Aulio Isarama Forastero, dirigeant indigène, qui a eu lieu dans la soirée du 24 octobre, après qu’il eût été intercepté par des hommes armés qui se sont identifiés auprès de la communauté comme membres de l’ELN. La Table ronde a également rapporté l’enlèvement de Jhon Eriberto Isarama Forastero, enseignant de la même réserve indigène, le 7 octobre. On ne connaît toujours pas le lieu où il se trouve. La réserve indigène est en grand danger, car le groupe armé a menacé de tuer toute personne rapportant ces incidents.

La Table ronde indigène du Chocó explique que malgré l’accord de cessez-le-feu bilatéral signé le 1er octobre par l’ELN et le gouvernement colombien, « à ce jour, aucune mesure n’a encore été prise pour veiller à la protection réelle et efficace des communautés ». L’homicide d’Isarama Forastero est le second homicide d’un gouverneur indigène en moins d’un mois, et suit l’homicide d’Ezquivel Manyoma, dirigeant de la municipalité de Medio Baudo, le 7 octobre, par des groupes paramilitaires identifiés comme l’organisation paramilitaire Milices d’autodéfense unies de Colombie (Autodefensas Gaitanistas de Colombia), en la présence de sa famille et d’autres membres de la communauté.

Compte tenu de ces événements et des menaces constantes, les membres de cette réserve indigène risquent un déplacement forcé collectif. D’après des informations du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 21 cas de déplacements ont été enregistrés dans ce département cette année.

Le 16 août, Amnesty International a publié une déclaration publique sur la situation dans le Chocó, dans laquelle elle se disait préoccupée par la gravité de la situation humanitaire dans ce département (voir https://www.amnesty.org/fr/documents/amr23/6946/2017/fr/).

Pendant le premier semestre de 2017, les communautés indigènes du Chocó ont signalé au moins deux incursions de paramilitaires sur leurs territoires. La première a eu lieu le 6 mars et a causé le déplacement massif de familles et le confinement de communautés voisines à Peña Azul (pour en savoir plus, voir : https://www.amnesty.org/fr/documents/AMR23/5826/2017/fr/). La seconde a eu lieu le 18 avril sur le territoire de Jiguamiandó, non loin de la zone humanitaire de Pueblo Nuevo (pour en savoir plus, voir : https://www.amnesty.org/fr/documents/AMR23/6082/2017/fr/).

Les violations du droit international et des droits humains sont toujours d’actualité dans le département du Chocó, notamment l’homicide sélectif de membres des communautés afro-colombiennes et des peuples indigènes, les déplacements collectifs forcés, l’isolement de communautés et le recrutement forcé de jeunes garçons et de jeunes filles.

Les peuples indigènes du Chocó sont constamment confrontés à des menaces et à la violence de groupes armés paramilitaires. En 2009, la Cour constitutionnelle a ainsi émis la résolution 004, exhortant l’État colombien à prendre des mesures qui tiennent compte des difficultés particulières de certains groupes ethniques en vue d’élaborer une politique publique relative aux déplacements forcés visant à protéger la vie, la liberté et la diversité culturelle, entre autres droits.

Amnesty International a déjà dénoncé publiquement la hausse du nombre d’homicides de dirigeants indigènes en Colombie, pointant les défaillances dans la mise en œuvre du processus de paix. « Cette situation de grand danger dans laquelle se trouvent, en Colombie, les communautés indigènes est très inquiétante. Ces crimes mettent en lumière l’une des principales difficultés concernant l’application du processus de paix : la protection des communautés vivant dans les régions qui ont été le plus durement frappées par le conflit armé et la nécessité de veiller à ce que ces agissements ne restent pas impunis » (pour de plus amples informations, voir https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2017/04/colombia-ola-de-asesinatos-de-indigenas-resalta-fallas-de-implementacion-del-proceso-de-paz/).

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