Fidel Zavala a été transféré récemment, le 2 avril 2025, à la prison de Mariona, tristement célèbre pour les actes de torture qui y étaient pratiqués dans les années 1980, et qui sont de nouveau d’actualité depuis quelques années dans le cadre de l’état d’urgence. Cet homme a dénoncé publiquement et officiellement plusieurs gardiens de cette prison pour des actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des personnes détenues. Le fait qu’il ait été transféré dans cette même prison met sa vie et son intégrité personnelle dans une situation de danger immédiat.
Fidel Zavala, porte-parole de l’Unidad de Defensa de Derechos Humanos y Comunitarios (UNIDEHC), a joué un rôle crucial s’agissant de dénoncer les violations des droits humains commises dans les centres pénitentiaires au Salvador. En 2024, il a déposé une plainte contre les autorités carcérales, dont Osiris Luna, le directeur général des prisons, pour torture et autres violations commises dans le cadre de l’état d’urgence.
La communauté de « La Floresta », située à San Juan Opico, La Libertad, est en butte à des menaces d’expulsion, qui pourraient se traduire par le déplacement de plus de 100 familles, la plupart habitant la région depuis plus de 10 ans. L’UNIDEHC apporte un soutien juridique à la communauté dans sa lutte pour les droits fonciers et territoriaux.
Actuellement, les responsables communautaires détenus sont poursuivis notamment pour « associations illicites » et d’autres infractions liées à leurs activités au service de leur communauté. La défense estime que ces accusations sont infondées et que les activités menées par ces responsables communautaires visaient la légalisation des régimes fonciers au moyen des processus juridiques en vigueur. Le 14 mars 2025, le cinquième tribunal contre la criminalité organisée de San Salvador a ordonné la conduite d’une procédure formelle et le placement en détention provisoire de Fidel Zavala et des 23 membres de La Floresta concernés pour une durée de six mois.
La détention de Fidel Zavala et de plus de 20 dirigeant·e·s de la communauté de « La Floresta » s’inscrit dans un contexte plus large de répression étatique croissante visant les défenseur·e·s des droits humains et les militant·e·s au Salvador. Depuis l’instauration de l’état d’urgence en mars 2022, les autorités ont adopté des mesures qui reflètent un modèle généralisé d’abus étatique – des milliers de détentions arbitraires, l’utilisation systématique de la torture et d’autres formes de mauvais traitements dans les centres de détention et des centaines de décès en détention.
Depuis son arrestation pour « appartenance à un groupe illicite », deux autres accusations ont été portées contre lui pour fraude. L’une de ces deux charges se rapporte à une affaire remontant à 2023, dans laquelle il a purgé un an d’emprisonnement avant d’être relaxé, mais que le ministère public souhaite rouvrir. Amnesty International n’a pas pu se pencher sur les nouvelles charges.
L’organisation a constaté une multiplication des actions de l’État qui portent atteinte à la liberté d’expression et d’association, et restreignent le droit de réunion pacifique, de participation publique et d’accès à l’information publique. La situation actuelle au Salvador illustre une tendance inquiétante marquée par la répression des voix critiques et l’érosion de l’espace civique, mettant en péril le travail essentiel des défenseur·e·s des droits et leurs efforts pour construire une société plus juste et plus inclusive.