Depuis son arrestation arbitraire le 1er septembre 2021, Abbas Vahedian est détenu dans une cellule sans fenêtre inondée d’une lumière forte 24 heures sur 24, provoquant privation de sommeil et détresse. Tous les deux ou trois jours, il est conduit dans un hall pour une brève promenade, les yeux bandés. Depuis son arrestation, il est également privé de soins de santé adaptés, de matériel de couchage, de vêtements chauds et de visites régulières de sa famille. Des agents du ministère du Renseignement lui ont dit que pour que ses conditions de détention s’améliorent, il devait dénoncer ses activités politiques par écrit et révéler le mot de passe de son téléphone. Ces mauvais traitements relèvent de la torture, une grave violation des droits humains qui constitue un crime en vertu du droit international.
Les agents des services de renseignement et les autorités de poursuite ont refusé de vacciner Abbas Vahedian contre le COVID-19 et de le laisser consulter un spécialiste pour ses troubles pulmonaires, notamment des difficultés respiratoires et une toux persistante. Ils ne lui ont remis les inhalateurs apportés par sa famille qu’en janvier 2022. En raison de ses troubles respiratoires, Abbas Vahedian, s’il contracte le COVID-19 en détention, est exposé un risque accru de développer une forme grave de la maladie. Il souffre également d’une gingivite, qui s’est déclenchée au cours de ses 11 mois d’emprisonnement en 2019 et 2020, parce qu’il n’a pas été soigné pour les plaies ouvertes au niveau de la bouche infligées lors de son arrestation. En décembre 2021, après de multiples relances de sa famille, il a été transféré dans une clinique dentaire en dehors de la prison et on lui a retiré deux dents. Il n’a pas reçu de traitement antidouleur approprié ni aucun autre soin, alors que le dentiste avait averti que sa gingivite risquait d’empirer et qu’il risquait de perdre des dents s’il ne recevait pas des soins dentaires réguliers sur le long terme. Depuis son arrestation, il souffre également de fortes douleurs à la nuque, parce qu’il dort à même le sol, sans oreiller.
Abbas Vahedian a été condamné au total à 21 ans de prison, qui se décomposent en une peine de 11 ans prononcée par la 3e chambre du tribunal révolutionnaire de Meched en décembre 2021, et une peine de 10 ans prononcée par la 5e chambre de ce même tribunal en octobre 2021. Dans ces deux affaires, il a été emmené, sans avertissement préalable et sans connaître la nature des accusations portées à son encontre, depuis son lieu de détention jusqu’au tribunal révolutionnaire de Meched, où des juges qu’il a décrits comme agressifs et partiaux lui ont dit qu’il devait répondre d’actes portant atteinte à la sécurité nationale et lui ont demandé s’il avait des éléments à présenter pour sa défense Dans les deux cas, il a répondu que compte tenu des graves irrégularités ayant entaché les procédures à son encontre, il ne reconnaissait pas la légitimité de ces audiences, et a insisté pour que son avocat soit présent. Dans les deux affaires, le juge présidant le tribunal a mis fin à l’audience au bout de quelques minutes et a refusé de fixer une nouvelle date d’audience. La peine de 10 ans de prison a été finalisée 20 jours après avoir été prononcée, Abbas Vahedian ayant refusé de faire appel. L’appel qu’il a formé contre la peine de 11 ans est en instance.
Sa peine de 11 années de prison se décompose ainsi : un an pour « diffusion de propagande contre le régime » et 10 ans pour « formation de mouvements dans le but de nuire à la sécurité nationale ». Les mouvements cités dans le jugement sont le Conseil de la convergence des mouvements iraniens, connu sous son acronyme persan Shahjaa, et Iran Think Room (Otagh-e Fekr-e Iran). Le mouvement Shahjaa, d’après son site Internet, fait campagne par des moyens pacifiques en faveur d’une transition en Iran entre le régime de la République islamique, qu’il décrit comme une « théocratie corrompue et oppressive », et un système démocratique et laïc respectant le droit international relatif aux droits humains. Abbas Vahedian a souligné qu’il ne faisait pas partie des membres fondateurs de Shahjaa, mais qu’il avait été le porte-parole du mouvement entre sa création, le 8 avril 2021, et le 17 mai 2021. Le mouvement Iran Think Room était un groupe informel de réflexion, qui a mené plusieurs campagnes en ligne lancées au cours des mois précédant l’élection présidentielle de juin 2021, notamment Non à la République islamique et Campagne pour créer la honte.
La peine distincte de 10 ans de prison est uniquement liée à la lettre ouverte qu’Abbas Vahedian et 13 cosignataires ont publiée le 12 juin 2019 pour appeler à la démission du Guide suprême de la Révolution islamique, Ali Khamenei, et à un changement fondamental de la Constitution du pays. Cette activité pacifique est à l’origine des nombreuses accusations fallacieuses qui lui ont valu sa condamnation, notamment « outrage au Guide suprême », « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale », « diffusion de propagande contre le régime » et « perturbation de l’opinion publique ».
Abbas Vahedian a été arrêté par plusieurs agents du ministère du Renseignement dans un village proche de Rezvanshahr, dans la province de Gilan, dans le nord du pays, le 1er septembre 2021, à la suite de sa participation à un débat en ligne au cours duquel il a réaffirmé ses convictions politiques. Hormis deux brèves visites de sa famille en décembre 2021 et janvier 2022, en présence d’agents des services de renseignement, ses contacts avec sa famille se limitent à des appels téléphoniques hebdomadaires, généralement de quelques minutes et en présence d’un agent, ce qui l’empêche de parler librement.