Sept militants, arrêtés à des dates différentes, sont inculpés de trahison pour avoir participé à une formation organisée par le Centre pour l’action et les stratégies non violentes (CANVAS) aux Maldives. Cinq d’entre eux ont déjà comparu devant un tribunal et sont maintenus en détention jusqu’au 6 juin. La « subversion d’un gouvernement constitutionnel » est une infraction sanctionnée par une peine allant jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Ces arrestations s’inscrivent dans le cadre d’une répression persistante exercée contre les défenseur·e·s des droits humains, les militant·e·s et les membres de l’opposition dans le pays, et sont utilisées par le gouvernement pour tenter d’étouffer les mouvements de protestation liés aux mesures d’austérité récemment mises en place.
Écrire Sept militants arrêtés et inculpés de trahison
Ces sept militants ont participé à une formation organisée par le Centre pour l’action et les stratégies non violentes (CANVAS) aux Maldives du 15 au 19 mai 2019. Cet atelier était axé sur l’engagement civique, l’action de plaidoyer et la communication. George Makoni, Tatenda Mombeyarara, Gamuchirai Mukura et Nyasha Mpahlo, qui sont retournés au Zimbabwe à des dates différentes, ont été arrêtés à leur arrivée à l’aéroport de Harare le 20 mai. Farirai Gumbonzvanda a été arrêtée à son arrivée le lendemain, et Stabile Dewa et Rita Nyamupinga ont elles été arrêtées à leur arrivée à l’aéroport de Harare le 27 mai. Rita Nyamupinga, qui est âgée de 61 ans, prend des médicaments pour une maladie chronique et elle a depuis été hospitalisée.
La répression exercée au Zimbabwe contre la société civile, les défenseurs des droits humains et les militants se poursuit, et 12 militants ont été inculpés de trahison depuis janvier 2019. Le 17 mai, le gouvernement a utilisé le journal The Herald, détenu et contrôlé par l’État, pour accuser les organisations de la société civile de « complot en vue de lancer une manifestation violente » au Zimbabwe, en mentionnant la réunion à laquelle les militants avaient participé.
Cinq d’entre eux ont déjà comparu devant un tribunal et sont maintenus en détention jusqu’au 6 juin. Ils ont comparu devant la justice le 30 mai pour une demande de remise en liberté sous caution, dont l’examen a été reporté au 31 mai. Le 31 mai, le tribunal a reporté l’audience au 7 juin. Les deux autres militantes, Stabile et Rita, ont comparu devant le tribunal le 29 mai, et elles sont maintenues en détention jusqu’au 6 juin. La police a confisqué leurs ordinateurs et téléphones portables afin d’en extraire des preuves.
Le gouvernement tente, avec l’arrestation de ces militants, d’étouffer les mouvements de protestation pacifiques menés par des Zimbabwéens qui ont été durement touchés par les mesures d’austérité du gouvernement. Les droits aux libertés d’association, de réunion pacifique et d’expression sont attaqués dans le pays depuis le mois de janvier ; la forte hausse du prix du carburant a entraîné une augmentation du coût de la vie telle que des biens de première nécessité sont devenus inabordables pour la plupart des gens, en particulier pour les personnes les plus fragiles socialement et économiquement. En raison de la débâcle économique et parce que les mesures d’austérité n’ont pas permis d’améliorer la vie des Zimbabwéens, la situation est très tendue dans le pays.
Le 21 mai, le gouvernement a annoncé une hausse de 46 % du prix du carburant. Cette hausse est intervenue quatre mois après la dernière augmentation qui avait déclenché des manifestations dans tout le pays à cause de la dégradation de la situation socioéconomique, et ce mouvement de protestation avait été violemment réprimé par les forces de sécurité. Le gouvernement a apparemment cherché à faire peur à la population en déployant des unités de l’armée, de la police et des services de renseignement dans les villes et dans les quartiers résidentiels. Au moins 16 personnes ont été tuées, plus de 600 autres ont été arrêtées, et plus de 300 autres encore ont été blessées.
La politique du gouvernement a fait davantage encore sombrer les gens dans la pauvreté, selon une déclaration des Nations unies rendue publique le 4 avril, qui indique que les mesures d’austérité frappent plus durement les plus démunis. https://reliefweb.int/report/zimbabwe/zimbabwe-policies-hitting-poor-hardest-say-un-rights-experts
Le gouvernement a également lancé des menaces pour dissuader la population d’organiser des manifestations. Tout récemment, le 27 mai, le ministre de l’Intérieur a réagi à une déclaration du parti d’opposition en déclarant que le gouvernement réprimerait tout mouvement de protestation.
Action terminée