Le nombre de personnes ayant fait l’objet d’une disparition forcée ou dont on ne connaît pas le sort reste élevé au Mexique. En 2023, la Commission nationale de recherche (CNB) a enregistré au moins 12 031 nouveaux cas de personnes manquantes ou ayant fait l’objet d’une disparition forcée, parmi lesquelles 8 426 hommes, 3 596 femmes et neuf personnes non identifiées. Selon les chiffres officiels, un total de 114 004 personnes ont été portées manquantes ou victimes de disparition forcée entre 1962 et la fin de 2023. Les proches qui recherchent des personnes disparues ou manquantes sont exposés à de graves risques - disparition forcée, assassinat, répression et menaces, entre autres.
En mai 2023, le gouvernement fédéral a lancé une stratégie discutable pour lutter contre la crise des disparitions au Mexique. Le 23 août 2023, la directrice de la CNB, Karla Quintana, a démissionné après que le président a annoncé la création d’un nouveau recensement des disparitions, affirmant que les chiffres de la CNB n’étaient pas fiables et trop élevés. Les organisations de la société civile et les militant·e·s craignaient que le pouvoir exécutif n’essaie de réduire le nombre officiel de personnes disparues afin de masquer l’échec des politiques fédérales en matière de sécurité publique.
Le 23 octobre, Teresa Guadalupe Reyes Sahagún a été nommée à la tête de la CNB ; des organisations de la société civile ont exprimé leur inquiétude quant au manque de consultation, de participation, de transparence et de contrôle dans le processus de recrutement, ainsi qu’à son manque d’expérience.
Le 14 décembre, l’exécutif a présenté les résultats du nouveau recensement des disparitions, la Stratégie nationale de recherche, semblant indiquer une diminution du nombre officiel de personnes disparues et manquant à l’appel entre 1962 et août 2023. Il a également révélé qu’il ne disposait pas de suffisamment d’informations pour rechercher 79 955 personnes et les a classées dans des catégories ambiguës. Le 18 décembre, des collectifs de membres de familles de personnes disparues ont protesté contre la Stratégie nationale de recherche, dénonçant le manque de transparence et une possible manipulation des données. Le 27 décembre, les autorités fédérales ont défendu la Stratégie nationale de recherche.
Dans les faits, cependant, les inquiétudes concernant le recensement se poursuivent, ainsi que le démantèlement des institutions dédiées à la recherche de centaines de milliers de personnes dans le pays.