Le syndicaliste iranien Reza Shahabi, contraint de retourner en prison le 9 août, a décidé d’entamer une grève de la faim en guise de protestation. Après plus de 40 jours de grève de la faim, son état de santé s’est gravement détérioré et il a besoin en urgence de soins spécialisés. Cet homme est un prisonnier d’opinion et il doit être libéré immédiatement et sans condition.
Reza Shahabi, trésorier et membre du conseil d’administration du Syndicat des travailleurs de la régie des bus de Téhéran et de sa banlieue, un syndicat des travailleurs employés par la compagnie des bus de Téhéran (Sherkat e Vahed), observe une grève de la faim depuis le 9 août, lorsqu’il a été contraint de retourner à la prison de Rajai Shahr, à Karaj, près de Téhéran. Il proteste contre son incarcération injuste. Son état de santé s’est détérioré : il souffre de graves migraines et de vertiges, de chutes de tension artérielle, d’un engourdissement côté gauche du corps qui s’aggrave, de sensations de brûlure à l’estomac et de troubles digestifs. Il aurait perdu environ 13 kilos. Il a été conduit au centre médical de la prison le 31 août, mais n’a pas reçu les soins spécialisés dont il a besoin.
Reza Shahabi a été arrêté une première fois en juin 2010. Il a passé les quatre années suivantes en prison. Il affirme que durant cette période il a été soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements. Il aurait notamment été privé délibérément de soins appropriés et roué de coups, ce qui lui vaut un mal de dos chronique. Il a été libéré pour raisons médicales le 6 octobre 2014. Cependant, en novembre 2016, il a commencé à subir des pressions pour retourner en prison afin de purger le restant de sa peine, qui, selon l’accusation, était tout d’abord de trois mois, puis de cinq mois. Il a donc fini par être incarcéré en août 2017. Or, les autorités déclaraient dans une lettre rédigée le 9 septembre 2015 et montrée à Reza Shahabi par un responsable à la prison de Rajai Shahr, que sa peine de six ans d’emprisonnement était terminée, si l’on prenait en compte sa période de libération pour raisons médicales. Lorsque Reza Shahabi s’est trouvé derrière les barreaux, les autorités lui ont dit qu’il devait également purger une peine d’un an liée à une autre affaire de 2015. Dans cette affaire, la 26e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran l’a déclaré coupable de « diffusion de propagande contre le régime », parce qu’il s’était plaint des atteintes aux droits humains que lui-même et ses compagnons de cellule ont subies lors d’un raid violent effectué en avril 2014 dans la section 350 de la prison d’Evin, à Téhéran.
Écrire Un syndicaliste a besoin de soins médicaux

Reza Shahabi est détenu à la section 10 de la prison de Rajai Shahr, où les conditions sont qualifiées de très dures. D’après les prisonniers, les fenêtres sont recouvertes de plaques de métal et il n’y a pas de système de circulation d’air. Ils sont contraints de dormir sur le sol, ont un accès insuffisant à l’eau potable et à de la nourriture adéquate, et sont privés de la possibilité de téléphoner à leurs familles. Le 30 juillet 2017, plus d’une dizaine de prisonniers détenus pour des motifs politiques à la section 10 de la prison ont entamé une grève de la faim prolongée pour protester contre les conditions cruelles et inhumaines qu’ils sont contraints d’endurer. Reza Shahabi a rejoint ce groupe de grévistes le 9 août, lorsqu’il a été réincarcéré. À titre de représailles, le directeur de la prison a ordonné aux médecins de ne pas dispenser de soins médicaux ni de suivi aux prisonniers prenant part à la grève de la faim et a ordonné le transfert à l’isolement de certains d’entre eux pendant plusieurs jours. Le 23 août 2017, le procureur général de Téhéran a déclaré : « Nous déclarons aux prisonniers qui recourent aux grèves de la faim... que ces actions ne peuvent qu’échouer et que le système judiciaire ne capitulera pas devant eux. » Il a ajouté : « Les sentences des prisonniers doivent être pleinement appliquées et nous ne devons pas être influencés par leurs actions, notamment par leurs grèves de la faim. »
Concernant la situation de Reza Shahabi, le procureur général de Téhéran a déclaré lors d’une conférence de presse le 3 septembre 2017 : « L’individu mentionné a été déclaré coupable de crimes liés à la sûreté nationale. » En réaction, le 5 septembre, l’épouse de Reza Shahabi, Robabeh Rezaie, a déclaré lors d’une manifestation pacifique devant le Parlement : « Nous devrions demander aux autorités judiciaires comment il a mis en danger la sécurité du pays ? Est-ce contraire à la sécurité nationale d’apporter son soutien aux chauffeurs qui réclament du pain et un logement et exercent leur droit de soutenir librement leur propre organisation ? Reza Shahabi n’a commis aucun crime autre que celui d’agir en faveur des droits des travailleurs. Sa place n’est pas en prison ! »
Reza Shahabi a été arrêté une première fois par des agents du ministère du Renseignement le 12 juin 2010 et détenu pendant 19 mois à l’isolement à la section 209 de la prison d’Evin, sans pouvoir consulter un avocat. Il a déclaré que pendant cette période, il a été torturé et a subi des mauvais traitements. Il a notamment été roué de coups, ce qui lui a valu d’être temporairement paralysé côté gauche du corps. Depuis, il souffre de graves douleurs chroniques à la nuque et au dos. En avril 2012, à l’issue d’un procès inique devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, il a été reconnu coupable de « rassemblement et collusion contre la sécurité de l’État » et « diffusion de propagande contre le régime » en raison de ses activités syndicales pacifiques, et condamné à six ans de prison. Au cours des quatre années suivantes, il a été maintenu en détention et sa santé s’est encore dégradée, en raison de l’absence de soins adaptés et des conditions déplorables. Il a observé plusieurs grèves de la faim durant cette période pour protester contre son incarcération et la privation de soins spécialisés. Il a finalement été libéré pour raisons médicales le 6 octobre 2014, après une longue grève de la faim observée pour protester contre le refus des autorités de lui dispenser les soins adaptés. Quelques mois après sa libération, il a été convoqué par des agents du ministère du Renseignement qui l’ont interrogé sur le fait qu’il avait dénoncé haut et fort, pendant sa détention, le raid violent effectué le 17 avril 2014 par des responsables de la sécurité à la section 350 de la prison d’Evin, durant lequel Reza Shahabi et d’autres prisonniers d’opinion ont été la cible d’attaques et de violences soutenues. Jugé par la suite dans le cadre de cette affaire, il a été condamné à un an de prison en 2015.
Le Syndicat des travailleurs de la régie des bus de Téhéran et de sa banlieue (SWTSBC) a été interdit après la Révolution de 1979, puis rétabli en 2004 après que de nombreux chauffeurs de bus n’ont pas été payés pendant des mois. Il n’a jamais obtenu d’enregistrement officiel. Les autorités ont constamment harcelé, intimidé et poursuivi les membres du SWTSBC, particulièrement les membres du conseil d’administration, sous de fausses accusations liées à la sécurité nationale découlant uniquement de leur militantisme pacifique – organisation de grèves ou participation à des grèves notamment. Amnesty International considère les syndicalistes comme des défenseurs des droits humains, car ils s’efforcent de garantir le droit de chacun de former des syndicats et d’y adhérer, et de bénéficier de conditions justes et favorables d’emploi, de sécurité sociale et d’un niveau de vie approprié. Pour plus d’informations, voir le chapitre 7 du rapport d’Amnesty International : Caught in a web of state repression : Iran’s human rights defenders under attack, 2 août 2017 : https://www.amnesty.org/en/documents/mde13/6446/2017/en/
Nom : Reza Shahabi , homme
Action terminée