Tofig Yagublu est un opposant de renom et un ancien journaliste qui critique ouvertement le gouvernement azerbaïdjanais. Ce membre du Parti de l’égalité est un politicien chevronné au sein du Conseil national des forces démocrates - une coalition de partis et de militant·e·s de l’opposition. Cet homme est depuis longtemps dans le viseur des autorités azerbaïdjanaises en raison de ses critiques concernant la corruption au sein du gouvernement et les violations des droits humains.
Tofig Yagublu aurait été arrêté et soumis à des mauvais traitements à maintes reprises ces 10 dernières années, en raison de son militantisme politique et de critiques qu’il a formulées au sujet du gouvernement. Durant ce temps, il a été condamné trois fois à des peines de prison, sur la base d’accusations à caractère politique. Il a aussi été arrêté plusieurs fois pour avoir participé à des manifestations pacifiques, et condamné à des amendes et des peines de « détention administrative » de plus de 30 jours.
Le 14 décembre 2023, des policiers ont arrêté Tofig Yagublu alors qu’il sortait du métro dans le centre de Bakou. Ils ont plus tard affirmé avoir trouvé 5 000 euros, 2 500 manats et un montant non spécifié de dollars étasuniens à son domicile familial. Selon sa fille, Nigar Hazi, ces sommes avaient été placées par les autorités durant la perquisition.
Le 10 mars, le tribunal de Bakou chargé des infractions graves a condamné Tofig Yagublu à neuf années de prison pour « fraude ayant entraîné un préjudice important » (article 178.3.2 du Code pénal) et « falsification de documents » (articles 320.1 et 320.2). Son coaccusé, Elnur Mamedov, qui a témoigné contre lui-même, a été condamné à huit ans d’emprisonnement. Tofig Yagublu a systématiquement nié les accusations selon lesquelles il a reçu de l’argent en contrepartie de ses activités.
Le 1er avril, Tofig Yahublu a annoncé qu’il entamait une grève de la faim afin de protester contre une « condamnation infondée, illégale et indigne ». Selon sa fille, Nigar Hazi, il a réagi à sa condamnation en déclarant : « Je vais être libéré à 75 ans, est-ce que c’est une vie ? Si ce n’est [pas une vie], alors je préfère mourir avant. »
Les poursuites injustifiées et à caractère politique engagées contre Tofig Yagublu s’inscrivent dans la répression systématique menée par les autorités azerbaïdjanaises contre les défenseur·e·s des droits humains, les personnes critiquant le gouvernement, les médias indépendants et toute forme d’opposition. La condamnation de Tofig Yagublu fait suite à une intensification de la répression depuis un an et demi, notamment marquée par l’incarcération récente d’autres militant·e·s de l’opposition et journalistes, également sur la base d’accusations infondées.