Trois ouvriers d’une usine et un employé d’une ONG ont été arrêtés pour avoir tenté de créer un syndicat, en Chine. Les quatre hommes ont un accès restreint à leurs avocats et ils ne peuvent ni voir leurs proches ni communiquer avec eux depuis leur arrestation, en juillet 2018. Cela suscite des inquiétudes quant à leur bien-être et à leur accès à une procédure judiciaire équitable.
Li Zhan, Mi Jiuping et Yu Juncong travaillent à l’usine Jasic Technology, qui fabrique du matériel de soudure, à Shenzhen, dans le sud de la Chine. En juillet, ils ont tenté, avec plusieurs de leurs collègues, de créer un syndicat conformément aux dispositions actuelles de la législation. Quelques jours plus tard, le 27 juillet 2018, les trois ouvriers ont été accusés d’avoir essayé de créer un syndicat illégal et placés en détention dans le cadre d’une procédure pénale, les autorités les soupçonnant d’« avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ».
Fu Changguo, membre du personnel du Centre Dagongzhe pour les travailleurs de Shenzhen, a été arrêté en août pour avoir scandé des slogans devant un poste de police en soutien aux ouvriers placés en détention. Ils ont de ce fait été tous les quatre inculpés d’« organisation d’un rassemblement dans le but de troubler l’ordre public ».
Depuis leur placement en détention, les quatre hommes ont du mal à rencontrer leurs avocats. Selon la famille de Fu Changguo, l’avocat de ce dernier n’a réussi à le rencontrer qu’une seule fois au cours des quatre derniers mois, car le centre de détention a rejeté toutes les autres demandes de visite. Récemment, l’avocat a dit à la famille de Fu Changguo qu’il allait se désister parce que le gouvernement va nommer un avocat commis d’office.
Rien n’indique que Fu Changguo a consenti à cet arrangement. De la même façon, l’avocat de Yu Juncong n’a rencontré ce dernier qu’une fois, avant de se désister de l’affaire. Le nouvel avocat de Yu Juncong n’a toujours pas été autorisé à le rencontrer. En ce qui concerne Mi Jiuping, deux avocats se sont désistés de l’affaire. Son nouvel avocat n’a pas pu le rencontrer car les autorités ont dit que dans son cas il est question de secrets d’État et qu’aucune rencontre n’est par conséquent possible. Aucun de ces quatre hommes n’a pu rencontrer des membres de sa famille depuis leur placement en détention en juillet.
L’arrestation de ces quatre hommes s’inscrit dans le cadre d’un mouvement de répression visant les employés de Jasic qui ont voulu créer un syndicat en juillet 2018, et qui a donné lieu à l’arrestation de 26 autres personnes. De plus, des représentants des ouvriers ont été renvoyés, et d’autres ont été passés à tabac par des individus non identifiés après avoir essayé de retourner travailler dans cette usine.