Écrire Une travailleuse acquittée de diffamation risque toujours la prison

Le 22 janvier 2025, le tribunal du district du centre de Djakarta a acquitté Septia Dwi Pertiwi de tous les chefs d’accusation retenus contre elle en vertu de la loi relative à l’Information et aux transactions électroniques (EIT), après qu’elle a été accusée de diffamation pour avoir critiqué son ancien employeur sur Internet.

Le parquet a cependant formé un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême, dans le but de faire annuler cet acquittement. Si la Cour suprême se prononce contre elle, Septia Dwi Pertiwi encourt une peine d’emprisonnement.

Cette bataille juridique met en évidence l’utilisation abusive de la loi EIT afin de faire taire les critiques et d’affaiblir le droit à la liberté d’expression en Indonésie.

Septia Dwi Pertiwi était employée par PT Hive Five, une société de services fiscaux et comptables située à Djakarta. Elle a démissionné en octobre 2022, après que l’entreprise a prétendument réduit les salaires et n’a pas honoré les commissions promises.

Le 21 janvier 2023, elle a critiqué cette entreprise dans une publication sur les réseaux sociaux, ce qui a été suivi de menaces anonymes et de tentatives répétées de l’entreprise afin de la contacter. Le lendemain, Henry Kurnia Adhi, copropriétaire de PT Hive Five, l’a accusée de diffamation et lui a adressé un avis juridique exigeant des éclaircissements.

Entre janvier et février 2023, Septia Dwi Pertiwi a reçu plusieurs avis juridiques et a été convoquée par la police pour être interrogée. Bien qu’elle ait coopéré à l’enquête, elle a été officiellement désignée comme suspecte le 5 septembre 2023. Au cours de la médiation, l’entreprise a réclamé 300 millions de roupies indonésiennes (19 300 dollars étasuniens) d’indemnisation, ainsi que des excuses publiques, ce que Septia Dwi Pertiwi a refusé.

Le 26 août 2024, le parquet central de Djakarta a émis un ordre de détention, et la jeune femme a été arrêtée puis détenue pendant 25 jours au centre de détention de Pondok Bambu. Après un recours en justice, elle a été soumise à une interdiction de quitter la ville jusqu’au 30 novembre 2024, dans l’attente de son procès.

Au cours du procès, le 11 décembre 2024, le parquet général a requis une peine d’un an d’emprisonnement et une amende de 50 millions de roupies indonésiennes (3 200 dollars étasuniens), pouvant être remplacée par trois mois d’emprisonnement.

Le 22 janvier 2025, le tribunal du district du centre de Djakarta a acquitté Septia Dwi Pertiwi de tous les chefs d’accusation, estimant qu’elle n’avait commis aucune infraction. Le 3 février 2025, cependant, le procureur général s’est pourvu en cassation auprès de la Cour suprême, estimant que le tribunal de première instance n’avait pas correctement évalué les éléments de preuve et les dispositions légales. Si la Cour suprême accède à cette demande, Septia Dwi Pertiwi encourt jusqu’à quatre ans d’emprisonnement.

Cette affaire reflète une tendance plus large à la criminalisation du droit à la liberté d’expression en Indonésie. Depuis 2019, Amnesty International a recueilli des informations sur l’inculpation d’au moins 560 personnes en vertu d’articles problématiques de la loi sur l’EIT.

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