Écrire Trois militants toujours détenus

Le 30 avril, les militants Moussa Tchangari et Habibou Soumaila ont fait l’objet d’une libération provisoire

Les militants Maikoul Zodi, Halidou Mounkaila et Moundi Moussa, en revanche, ont été déboutés de leur demande de remise en liberté provisoire le 4 mai et sont toujours en prison au Niger.

Ils sont poursuivis pour organisation d’un rassemblement non autorisé et complicité dans la dégradation de biens publics, incendie volontaire et homicide involontaire.

Amnesty International est convaincue que certaines des charges retenues contre ces militants ont été forgées de toutes pièces pour les empêcher d’exercer pacifiquement leurs droits humains et de réclamer des comptes.

Amnesty International croit savoir que les charges de
complicité de dégradation de biens publics, d’incendie volontaire et d’homicide involontaire ont été forgées de toutes pièces pour
entraver leur lutte pour la redevabilité.

Le 30 avril, Sani Chekaraou, président de l’association des grossistes de Niamey, a été libéré sous caution aux côtés de Moussa Tchangari et d’Habibou Soumaila. Il avait aussi été arrêté le 16 mars et inculpé d’agression sur des membres du personnel du marché.

Le harcèlement et les manœuvres d’intimidation visant des militants s’inscrivent dans un schéma bien établi qui repose sur la Loi contre la cybercriminalité. Entre mars et fin avril 2020, au moins quatre militants ont été arrêtés et inculpés en vertu de ce texte.
Mahaman Lawali Mahaman Nassourou, membre du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse Budgétaire (ROTAB), a été arrêté le 23 avril 2020 pour partage et diffusion d’informations susceptibles de troubler l’ordre public ou de porter atteinte à la dignité humaine. Il est détenu à la prison de Maradi, la deuxième ville du Niger.

Ali Idrissa, coordonnateur du ROTAB et dirigeant d’une organisation de la société civile, a été convoqué au poste de police le 9 avril, à la suite d’une plainte déposée par l’ancien chef d’état-major des armées. Il était accusé de diffamation en lien avec un scandale de corruption impliquant le ministère de la Défense. Il a été libéré sous caution le 14 avril. Il a été inculpé de diffamation à l’égard du général de l’armée et de l’épouse de l’ancien chef d’état-major, ainsi que de diffusion d’informations susceptibles de troubler l’ordre public, en vertu de la Loi contre la cybercriminalité.

Vendredi 13 mars, un communiqué du Conseil des ministres du Niger a été rendu public, concernant les mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus COVID-19, dont une interdiction de tous les regroupements susceptibles de rassembler au moins 1 000 personnes. Une manifestation avait déjà été prévue le 15 mars, à Niamey et dans d’autres villes, organisée par la société civile pour réclamer la tenue d’une enquête sur les allégations de détournement de fonds révélés par un audit du ministère de la Défense. Les organisateurs ont décidé de maintenir la manifestation malgré l’interdiction.

Tôt dans la matinée du 15 mars, les forces de sécurité ont bloqué toutes les routes menant au site où devait se tenir la manifestation, la place de la Concertation à Niamey. Au moins trois personnes sont mortes lorsque les forces de sécurité ont dispersé avec violence le rassemblement, au moyen de gaz lacrymogène. Des dégâts importants ont été constatés : plusieurs magasins ont pris feu près du marché de Tagabati. Des leaders de la société civile ont ensuite été arrêtés.

Maikoul Zodi est détenu à la prison d’Ouallam (à 100 kilomètres de Niamey), Halidou Mounkaila au camp pénal de Dey Keyna, (à 111 kilomètres de Niamey) et Moudi Moussa à la prison de Kollo (à 35 kilomètres de Niamey).
Le 19 mars, le Niger a signalé son premier cas de COVID-19. Le 20 mars, le ministère de la Justice a déclaré dans un communiqué de presse qu’à titre de mesure de prévention toutes les visites aux détenus étaient suspendues pendant trois mois.

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