Écrire Trois militants détenus au secret

Trois militants tchadiens ont été arrêtés par des agents de l’Agence nationale de sécurité à N’Djamena. Nadjo Kaina Palmer, Bertrand Sollo et Dingamnayal Nely Versinis sont détenus au secret dans un lieu inconnu. Ce sont des prisonniers d’opinion.

Le 6 avril vers 18 heures, Nadjo Kaina Palmer, porte-parole du mouvement citoyen Iyina (« Nous sommes fatigués » en arabe tchadien), a été arrêté alors qu’il se trouvait dans les locaux de l’Agence nationale de sécurité (ANS), à N’Djamena. Il avait répondu à une convocation du directeur au sujet d’une manifestation pacifique contre la corruption et l’impunité, prévue pour le 10 avril. Les autorités refusent d’indiquer où il se trouve, malgré les demandes répétées de sa famille et de son avocat. Personne ne l’a revu depuis son arrestation.

Son avocat a sollicité le parquet, qui lui a répondu ne pas détenir d’informations à son sujet.

Le 15 avril, Bertrand Sollo, rapporteur national francophone d’Iyina, a été arrêté par des agents de l’ANS alors qu’il se rendait à un entretien avec un journaliste.

Amnesty International considère que les deux militants cités sont peut-être victimes d’une disparition forcée.

Le 12 avril, Dingamnayal Nely Versinis, président du Collectif tchadien contre la vie chère, a été arrêté par des agents de l’ANS à l’hôtel de ville de N’Djamena, où il s’était rendu à la suite d’une convocation. Il s’apprêtait à appeler les commerçants du marché central de N’Djamena à se mettre en grève pour protester contre la hausse des tarifs des emplacements. Il n’a été inculpé d’aucune infraction mais on ignore où il se trouve. Depuis son arrestation, ni son avocat ni sa famille n’ont été en contact avec lui.

Amnesty International considère Nadjo Kaina Palmer, Bertrand Sollo et Dingamnayal Nely Versinis comme des prisonniers d’opinion, détenus uniquement pour avoir exercé, pourtant de manière pacifique, leur droit à la liberté d’expression.

Le 3 avril, lors d’une conférence de presse, Nadjo Kaina Palmer a appelé les Tchadiens à participer à une « journée Iyina » le 10 avril, date anniversaire de l’élection présidentielle de 2016. Il les a encouragés à s’habiller en rouge ou à porter un foulard rouge sur la tête pour exprimer leur mécontentement face à la mauvaise gestion du pays et à dire non à la mauvaise gouvernance, à l’impunité et à l’humiliation.

À l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2016, le gouvernement a tenté à plusieurs reprises de museler les voix dissidentes. Le 19 mars, le ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration, Ahmat Mahamat Bachir, a annoncé que, pour des raisons de sécurité, toutes les manifestations publiques ne relevant pas de la campagne électorale seraient interdites.

Entre le 21 et le 23 mars, quatre défenseurs des droits humains – Mahamat Nour Ibedou et Younous Mahadjir, tous deux porte-parole de la plateforme Ça suffit, qui rassemble plusieurs organisations de la société civile, Nadjo Kaina Palmer, coordonnateur du mouvement de jeunes Iyina, et Céline Narmadji, porte-parole du mouvement de la société civile Trop c’est trop ! – ont été arrêtés parce qu’ils projetaient d’organiser des manifestations pacifiques pour protester contre le fait que le président Idriss Déby brigue un nouveau mandat. Ils ont été détenus au siège de la police judiciaire jusqu’à leur transfert à la prison d’Amsinéné, le 24 avril. Ils ont été déclarés coupables d’« incitation à un rassemblement non armé » et condamnés à quatre mois de prison avec sursis le 14 avril. Il leur est interdit de s’engager dans des activités « subversives ».

Ces militants avaient été convoqués par le parquet afin de répondre à des questions sur deux manifestations pacifiques, prévues pour les 22 et 29 mars, qui visaient à dénoncer le fait qu’Idriss Déby se porte candidat à un cinquième mandat présidentiel.

Le 30 mars, le ministère de la Sécurité publique et de l’Immigration a refusé la demande de plusieurs groupes de la société civile, qui souhaitaient organiser une manifestation pacifique afin d’exhorter les autorités à libérer les quatre militants.

Action terminée

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