Trois militants tchadiens incarcérés dans la prison d’Amsinéné ont été inculpés de charges dénuées de fondement pour avoir appelé à des manifestations pacifiques. Ce sont des prisonniers d’opinion.
Nadjo Kaina Palmer, porte-parole du mouvement citoyen IYINA (« Nous sommes fatigués » en arabe tchadien) et Bertrand Sollo, rapporteur national francophone d’IYINA, ont été arrêtés les 6 et 15 avril respectivement ; Dingamnayal Nely Versinis, président du Collectif tchadien contre la vie chère, a quant à lui été appréhendé le 12 avril. Ces trois hommes ont été arrêtés par des agents de l’Agence nationale de sécurité (ANS) et détenus au secret avant d’être emmenés au siège de la police judiciaire à N’Djamena le 24 avril. Ils ont été interrogés par la police judiciaire le jour même, en l’absence de leurs avocats.
Nadjo Kaina Palmer et Bertrand Sollo ont été inculpés, le 26 avril, de « tentative de complot » et de « provocation à un attroupement non autorisé » ; Dingamnayal Nely Versinis est pour sa part poursuivi pour « tentative d’escroquerie et d’usurpation de titre ». Dingamnayal Nely Versinis a une santé fragile et son état se détériore car il n’a pas accès à ses médicaments. Les trois hommes sont incarcérés dans la prison d’Amsinéné, à N’Djamena.
Nadjo Kaina Palmer a été arrêté après avoir répondu à une convocation du directeur de l’ANS au sujet d’une manifestation pacifique contre la corruption et l’impunité, prévue pour le 10 avril. Bertrand Sollo a été appréhendé alors qu’il se rendait à un entretien avec un journaliste. Dingamnayal Nely Versinis a été arrêté à la mairie centrale de N’Djamena, où il s’était rendu après avoir été convoqué par des responsables de la mairie. Son arrestation est intervenue alors qu’il avait appelé les commerçants du marché à mil de N’Djamena à se mettre en grève pour protester contre la hausse des tarifs des emplacements.
Amnesty International considère Nadjo Kaina Palmer, Bertrand Sollo et Dingamnayal Nely Versinis comme des prisonniers d’opinion, puisqu’ils sont détenus uniquement pour avoir exercé, pourtant de manière pacifique, leur droit à la liberté d’expression.